PAUL, ÉVÊQUE,
SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU,
AVEC LES PÈRES DU SAINT CONCILE,
POUR QUE LE SOUVENIR S'EN MAINTIENNE À JAMAIS.
CONSTITUTION DOGMATIQUE SUR L'ÉGLISE
LUMEN GENTIUM
CHAPITRE PREMIER :
Le Mystère de l’Église
1. Le but de la Constitution sur l’Église
Le Christ est la
lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc
ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile
répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de
l’Église (cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en quelque
sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union
intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de
mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en
se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa
mission universelle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les conditions
présentes ajoutent une nouvelle urgence : il faut que tous les hommes, désormais
plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels,
réalisent également leur pleine unité dans le Christ.
2. Le dessein universel de salut du Père éternel
Le Père éternel par la disposition absolument libre et
mystérieuse de sa sagesse et de sa bonté a créé l’univers ; il a voulu élever
les hommes à la participation de la vie divine ; devenus pécheurs en Adam, il ne
les a pas abandonnés, leur apportant sans cesse les secours salutaires, en
considération du Christ rédempteur, « qui est l’image du Dieu invisible,
premier-né de toute la création » (Col 1, 15). Tous ceux qu’il a choisis,
le Père, avant tous les siècles, les « a distingués et prédestinés à reproduire
l’image de son Fils qui devient ainsi l’aîné d’une multitude de frères » (Rm
8, 29). Et tous ceux qui croient au Christ, il a voulu les convoquer dans la
sainte Église qui, annoncée en figure dès l’origine du monde, merveilleusement
préparée dans l’histoire du peuple d’Israël et de l’ancienne Alliance [1],
établie enfin dans ces temps qui sont les derniers, s’est manifestée grâce à
l’effusion de l’Esprit Saint et, au terme des siècles, se consommera dans la
gloire. Alors, comme on peut le lire dans les saints Pères, tous les justes
depuis Adam, « depuis Abel le juste jusqu’au dernier élu [2]
» se trouveront rassemblés auprès du Père dans l’Église universelle.
3. La mission et l’œuvre du Fils
Ainsi le Fils vint,
envoyé par le Père qui nous avait choisis en lui avant la création du monde et
prédestinés à l’adoption filiale, selon son libre dessein de tout rassembler en
lui (cf. Ep 1, 4-5.10). C’est pourquoi le Christ, pour accomplir la
volonté du Père, inaugura le Royaume des cieux sur la terre, tout en nous
révélant son mystère et, par son obéissance, effectua la rédemption. L’Église,
qui est le règne de Dieu déjà mystérieusement présent, opère dans le monde, par
la vertu de Dieu, sa croissance visible. Commencement et développement que
signifient le sang et l’eau sortant du côté ouvert de Jésus crucifié (cf. Jn
19, 34) et que prophétisent les paroles du Seigneur disant de sa mort en croix :
« Pour moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes » (Jn
12, 32 grec). Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le
Christ notre pâque a été immolé (1 Co 5, 7) se célèbre sur l’autel, l’œuvre
de notre Rédemption s’opère. En même temps, par le sacrement du pain
eucharistique, est représentée et réalisée l’unité des fidèles qui, dans le
Christ, forment un seul corps (cf. 1 Co 10, 17). À cette union avec le
Christ, lumière du monde, de qui nous procédons, par qui nous vivons, vers qui
nous tendons, tous les hommes sont appelés.
4. La sanctification de l’Église par le Saint-Esprit
Une fois achevée l’œuvre que le Père avait chargé son Fils
d’accomplir sur la terre (cf. Jn 17, 4), le jour de Pentecôte, l’Esprit
Saint fut envoyé qui devait sanctifier l’Église en permanence et procurer ainsi
aux croyants, par le Christ, dans l’unique esprit, l’accès auprès du Père (cf.
Ep 2, 18). C’est lui, l’Esprit de vie, la source d’eau jaillissante pour
la vie éternelle (cf. Jn 4, 14 ; 7, 38-39), par qui le Père donne la vie
aux hommes que le péché avait tués, en attendant de ressusciter dans le Christ
leur corps mortel (cf. Rm 8, 10-11). L’Esprit habite dans l’Église et
dans le cœur des fidèles comme dans un temple (cf. 1 Co 3, 16 ; 6, 19),
en eux il prie et atteste leur condition de fils de Dieu par adoption (cf. Ga
4, 6 ; Rm 8, 15-16.26). Cette Église qu’il introduit dans la vérité tout
entière (cf. Jn 16, 13), et à laquelle il assure l’unité de la communauté
et du ministère, il bâtit et la dirige grâce à la diversité des dons
hiérarchiques et charismatiques, il l’orne de ses fruits (cf. Ep 4, 11-12
; 1 Co 12, 4 ; Ga 5, 22). Par la vertu de l’Évangile, il fait la
jeunesse de l’Église et la renouvelle sans cesse, l’acheminant à l’union
parfaite avec son époux [3].
L’Esprit et l’Épouse, en effet, disent au Seigneur Jésus : « Viens» (cf. Ap
22, 17). Ainsi l’Église universelle apparaît comme un « peuple qui tire son
unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint [4]
».
5. Le Royaume de Dieu
Le mystère de
l’Église sainte se manifeste en sa fondation. En effet, le Seigneur Jésus posa
le commencement de son Église en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du
règne de Dieu promis dans les Écritures depuis les siècles : « que les temps
sont accomplis et que le Royaume de Dieu est là » (Mc 1, 15 ; Mt
4, 17). Ce Royaume, il brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et
la présence du Christ. La parole du Seigneur est en effet comparée à une semence
qu’on sème dans un champ (Mc 4, 14) : ceux qui l’écoutent avec foi et
sont agrégés au petit troupeau du Christ (Lc 12, 32) ont accueilli le
Royaume lui-même ; puis, par sa propre vertu, la semence germe et croît jusqu’au
temps de la moisson (cf. Mc 4, 26-29). Les miracles de Jésus confirment
également que le Royaume est déjà venu sur la terre : « si c’est par le doigt de
Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé
parmi vous » (Lc 11, 20 ; Mt 12, 28). Avant tout cependant, le Royaume se
manifeste dans la personne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme, «
venu pour servir et donner sa vie en rançon d’une multitude » (Mc 10,
45).
Et quand Jésus,
ayant souffert pour les hommes la mort de la croix, fut ressuscité, il apparut
que Dieu l’avait fait Seigneur, Christ et Prêtre pour l’éternité (cf. Ac
2, 36 ; He 5, 6 ; 7, 17-21), et il répandit sur ses disciples l’Esprit
promis par le Père (cf. Ac 2, 33). Aussi l’Église, pourvue des dons de
son fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité,
d’humilité et d’abnégation, reçoit mission d’annoncer le Royaume du Christ et de
Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations, formant de ce Royaume le germe
et le commencement sur la terre. Cependant, tandis que peu à peu elle s’accroît,
elle-même aspire à l’achèvement de ce Royaume, espérant de toutes ses forces et
appelant de ses vœux l’heure où elle sera, dans la gloire, réunie à son Roi.
6. Les diverses images de l’Église
Tout comme dans
l’Ancien Testament la révélation du Royaume est souvent présentée sous des
figures, de même maintenant c’est sous des images variées que la nature intime
de l’Église nous est montrée, images tirées soit de la vie pastorale ou de la
vie des champs, soit du travail de construction ou encore de la famille et des
épousailles, et qui se trouvent ébauchées déjà dans les livres des prophètes.
L’Église, en
effet, est le bercail dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (Jn
10, 1- 10). Elle est aussi le troupeau dont Dieu a proclamé lui-même à l’avance
qu’il serait le pasteur (cf. Is 40, 11 ; Ez 34, 11s.), et dont les
brebis, quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont cependant
continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon Pasteur et Prince
des pasteurs (cf. Jn 10, 11 ; 1 P 5, 4), qui a donné sa vie pour ses
brebis (cf. Jn 10, 11-15).
L’Église est le
terrain de culture, le champ de Dieu (1 Co 3, 9). Dans ce champ croît
l’antique olivier dont les patriarches furent la racine sainte et en lequel
s’opère et s’opérera la réconciliation entre Juifs et Gentils (Rm 11,
13-26). Elle fut plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie (Mt
21, 33-43 par. ; Is 5, 1 s.). La Vigne véritable, c’est le Christ : c’est
lui qui donne vie et fécondité aux rameaux que nous sommes : par l’Église nous
demeurons en lui, sans qui nous ne pouvons rien faire (Jn 15,
1-5).
Bien souvent aussi, l’Église est dite la construction
de Dieu (1 Co 3, 9). Le Seigneur lui-même s’est comparé à la pierre
rejetée par les bâtisseurs et devenue pierre angulaire (Mt 21, 42 par. ;
Ac 4, 11 ; 1 P 2, 7 ; Ps 117, 22). Sur ce fondement,
l’Église est construite par les Apôtres (cf. 1 Co 3, 11), et de ce
fondement elle reçoit fermeté et cohésion. Cette construction est décorée
d’appellations diverses : la maison de Dieu (1 Tm 3, 15), celle dans
laquelle habite la famille, l’habitation de Dieu dans l’Esprit (Ep
2, 19-22), la demeure de Dieu chez les hommes (Ap 21, 3), et surtout le
temple saint, lequel, représenté par des sanctuaires de pierres, est
l’objet de la louange des saints Pères et comparé à juste titre dans la liturgie
à la Cité sainte, la nouvelle Jérusalem [5].
En effet, nous sommes en elle sur la terre comme les pierres vivantes qui
entrent dans la construction (1 P 2, 5). Cette Cité sainte, Jean la
contemple descendant du ciel d’auprès de Dieu à l’heure où se renouvellera le
monde, prête comme une fiancée parée pour son époux (Ap 21, 1 s.).
L’Église s’appelle
encore « la Jérusalem d’en haut » et « notre mère » (Ga 4, 26 ; cf. Ap
12, 17) ; elle est décrite comme l’épouse immaculée de l’Agneau immaculé (Ap
19, 7 ; 21, 2.9 ; 22, 17) que le Christ « a aimée, pour laquelle il s’est livré
afin de la sanctifier » (Ep 5, 26), qu’il s’est associée par un pacte
indissoluble, qu’il ne cesse de « nourrir et d’entourer de soins » (Ep 5,
29) ; l’ayant purifiée, il a voulu se l’unir et se la soumettre dans l’amour et
la fidélité (cf. Ep 5, 24), la comblant enfin et pour l’éternité des
biens célestes, pour que nous puissions comprendre l’amour envers nous de Dieu
et du Christ, amour qui défie toute connaissance (cf. Ep 3, 19). Tant
qu’elle chemine sur cette terre, loin du Seigneur (cf. 2 Co 5, 6),
l’Église se considère comme exilée, en sorte qu’elle est en quête des choses
d’en haut et en garde le goût, tournée là où le Christ se trouve, assis à la
droite de Dieu, là où la vie de l’Église est cachée avec le Christ en Dieu,
attendant l’heure où, avec son époux, elle apparaîtra dans la gloire (cf. Col
3, 1- 4).
7. L’Église, corps mystique du Christ
Le Fils de Dieu,
dans la nature humaine qu’il s’est unie, a racheté l’homme en triomphant de la
mort par sa mort et sa résurrection, et il l’a transformé en une créature
nouvelle (cf. Ga 6, 15 ; 2 Co 5, 17). En effet, en communiquant
son Esprit à ses frères, qu’il rassemblait de toutes les nations, il les a
constitués, mystiquement, comme son corps.
Dans ce corps, la vie du Christ se répand à travers les
croyants que les sacrements, d’une manière mystérieuse et réelle, unissent au
Christ souffrant et glorifié [6].
Par le baptême, en effet, nous sommes rendus semblables au Christ : « Car nous
avons tous été baptisés en un seul Esprit pour n’être qu’un seul corps » (1
Co 12, 13). Par ce rite sacré est signifiée et réalisée l’union avec la mort
et la résurrection du Christ. « Nous avons été mis au tombeau avec lui par le
baptême qui nous plonge en sa mort», et « si nous sommes devenus avec lui un
même être par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une
semblable résurrection » (Rm 6, 4-5). Participant réellement au Corps du
Seigneur dans la fraction du pain eucharistique, nous sommes élevés à la
communion avec lui et entre nous. Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, à nous tous
nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part à ce pain unique » (1
Co 10, 17). Nous devenons ainsi les membres de ce corps (cf. 1 Co 12,
27), « étant chacun pour sa part membres les uns des autres» (Rm 12, 5).
Mais comme tous
les membres du corps humain, malgré leur multiplicité, ne forment cependant
qu’un seul corps, ainsi les fidèles dans le Christ (cf. 1 Co 12, 12).
Dans l’édification du Corps du Christ règne également une diversité de membres
et de fonctions. Unique est l’Esprit qui distribue des dons variés pour le bien
de l’Église à la mesure de ses richesses et des exigences des services (cf. 1
Co 12, 11). Parmi ces dons, la grâce accordée aux Apôtres tient la première
place : l’Esprit lui-même soumet à leur autorité jusqu’aux bénéficiaires des
charismes (cf. 1 Co 14). Le même Esprit qui est par lui-même principe
d’unité dans le corps où s’exerce sa vertu et où il réalise la connexion
intérieure des membres, produit et stimule entre les fidèles la charité. Aussi
un membre ne peut souffrir, que tous les membres ne souffrent, un membre ne peut
être à l’honneur, que tous les membres ne se réjouissent avec lui (cf. 1 Co
12, 26).
De ce corps le Christ est la tête. Il est l’image du Dieu
invisible et en lui toutes choses ont été créées. Il est antérieur à tous et
l’univers subsiste en lui. Il est la tête du corps qu’est l’Église. Il est
Principe, premier-né d’entre les morts, afin d’exercer en tout la primauté (cf.
Col. 1, 15-18). Sa grande puissance lui donne domination sur les choses
du ciel et celles de la terre et, par sa perfection et son action souveraine, il
comble des richesses de sa gloire le corps tout entier (cf. Ep 1, 18-23)
[7].
Tous les membres doivent se conformer à lui jusqu’à ce que
le Christ soit formé en eux (cf. Ga 4, 19). C’est pourquoi nous sommes assumés
dans les mystères de sa vie, configurés à lui, associés à sa mort et à sa
résurrection, en attendant de l’être à son règne (cf. Ph 3, 21 ; 2 Tm
2, 11 ; Ep 2, 6 ; Col 2, 12, etc.). Encore en pèlerinage sur
la terre, mettant nos pas dans la trace des siens, à travers la tribulation et
la persécution, nous sommes associés à ses souffrances comme le corps à la tête,
unis à sa passion pour être unis à sa gloire (cf. Rm 8, 17). De lui « le
corps tout entier, par les ligaments et jointures, tire nourriture et cohésion
pour opérer sa croissance en Dieu » (Col 2, 19). Dans son corps,
c’est-à-dire dans l’Église, il dispose continuellement les dons des ministères
par lesquels nous nous apportons mutuellement, grâce à sa vertu, les services
nécessaires au salut, en sorte que, par la pratique d’une charité sincère nous
puissions grandir de toutes manières vers celui qui est notre tête (cf. Ep
4, 11-16 grec) Pour que nous puissions nous renouveler en lui sans cesse
(cf. Ep 4, 23) , il nous fait part de son Esprit qui, unique et présent,
identique à lui-même dans la tête et dans les membres, vivifie le corps entier,
l’unifie et le meut, si bien que son action a pu être comparée par les saints
Pères à la fonction que remplit dans le corps humain, l’âme, principe de vie [8].
8. L’Église, à la fois visible et spirituelle
Le Christ, unique médiateur, crée et continuellement
soutient sur la terre, comme un tout visible, son Église sainte, communauté de
foi, d’espérance et de charité, par laquelle il répand, à l’intention de tous,
la vérité et la grâce [9].
Cette société organisée hiérarchiquement d’une part et le corps mystique d’autre
part, l’ensemble discernable aux yeux et la communauté spirituelle, l’Église
terrestre et l’Église enrichie des biens célestes ne doivent pas être
considérées comme deux choses, elles constituent au contraire une seule réalité
complexe, faite d’un double élément humain et divin [10].
C’est pourquoi, en vertu d’une analogie qui n’est pas sans valeur, on la compare
au mystère du Verbe incarné. Tout comme en effet la nature prise par le Verbe
divin est à son service comme un organe vivant de salut qui lui est
indissolublement uni, de même le tout social que constitue l’Église est au
service de l’Esprit du Christ qui lui donne la vie, en vue de la croissance du
corps (cf. Ep 4, 16) [11].
C’est là l’unique Église du Christ, dont nous professons
dans le symbole l’unité, la sainteté, la catholicité et l’apostolicité [12],
cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu’il
en soit le pasteur (Jn 21, 17), qu’il lui confia, à lui et aux autres
Apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28, 18, etc.) et dont il
a fait pour toujours la « colonne et le fondement de la vérité » (1 Tm 3,
15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans
l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et
les évêques qui sont en communion avec lui [13],
bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors
de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église
du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique.
Mais, comme c’est
dans la pauvreté et la persécution que le Christ a opéré la rédemption, l’Église
elle aussi est appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux hommes
les fruits du salut. Le Christ Jésus « qui était de condition divine s’anéantit
lui-même prenant condition d’esclave » (Ph 2, 6), pour nous « il s’est
fait pauvre, de riche qu’il était » (2 Co 8, 9). Ainsi l’Église, qui a
cependant besoin pour remplir sa mission de ressources humaines, n’est pas faite
pour chercher une gloire terrestre mais pour répandre, par son exemple aussi, l’humilité
et l’abnégation. Le Christ a été envoyé par le Père « pour porter la bonne
nouvelle aux pauvres, ... guérir les cœurs meurtris » (Lc 4, 18), «
chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10) : de même l’Église
enveloppe de son amour ceux que l’infirmité humaine afflige, bien plus, dans les
pauvres et les souffrants, elle reconnaît l’image de son fondateur pauvre et
souffrant, elle s’efforce de soulager leur misère et en eux c’est le Christ qu’elle
veut servir. Mais tandis que le Christ saint, innocent, sans tache (He 7,
26) ignore le péché (2 Co 5, 21), venant seulement expier les péchés du
peuple (cf. He 2, 17), l’Église, elle, enferme des pécheurs dans son
propre sein, elle est donc à la fois sainte et toujours appelée à se purifier,
poursuivant constamment son effort de pénitence et de renouvellement.
« L’Église avance dans son pèlerinage à travers les
persécutions du monde et les consolations de Dieu [14],
annonçant la croix et la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (cf. 1 Co
11, 26). La vertu du Seigneur ressuscité est sa force pour lui permettre de
vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui
lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au
milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour
où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière.
CHAPITRE II :
Le Peuple de Dieu
9. La Nouvelle Alliance et le Peuple nouveau
À toute époque, à
la vérité, et en toute nation, Dieu a tenu pour agréable quiconque le craint et
pratique la justice (cf. Ac 10, 35). Cependant le bon vouloir de Dieu a
été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément,
hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait
selon la vérité et le servirait dans la sainteté. C’est pourquoi il s’est choisi
Israël pour être son peuple avec qui il a fait alliance et qu’il a
progressivement instruit, se manifestant, lui-même et son dessein, dans l’histoire
de ce peuple et se l’attachant dans la sainteté. Tout cela cependant n’était que
pour préparer et figurer l’Alliance Nouvelle et parfaite qui serait conclue dans
le Christ, et la révélation plus totale qui serait transmise par le Verbe de
Dieu lui-même, fait chair. « Voici venir les jours, dit le Seigneur, où je
conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une Alliance Nouvelle...
Je mettrai ma foi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors, je
serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Tous me connaîtront du plus petit
jusqu’au plus grand, dit le Seigneur » (Jr 31, 31-34). Cette alliance
nouvelle, le Christ l’a instituée : c’est la Nouvelle Alliance dans son sang (cf.
1 Co 11, 25), il appelle la foule des hommes de parmi les Juifs et de
parmi les Gentils, pour former un tout selon la chair mais dans l’Esprit et
devenir le nouveau Peuple de Dieu. Ceux, en effet, qui croient au Christ, qui
sont « re-nés » non d’un germe corruptible mais du germe incorruptible qui est
la parole du Dieu vivant (cf. 1 P 1, 23), non de la chair, mais de l’eau
et de l’Esprit Saint (cf. Jn 3, 5-6), ceux-là constituent finalement «
une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est
acquis, ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le Peuple de
Dieu » (1 P 2, 9-10).
Ce peuple
messianique a pour chef le Christ, « livré pour nos péchés, ressuscité pour
notre justification » (Rm 4, 25), possesseur désormais du Nom qui est
au-dessus de tout nom et glorieusement régnant dans les cieux. Le statut de ce
peuple, c’est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui,
comme dans un temple, habite l’Esprit Saint. Sa loi, c’est le commandement
nouveau d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf. Jn 13, 34). Sa
destinée enfin, c’est le Royaume de Dieu, inauguré sur la terre par Dieu même,
qui doit se dilater encore plus loin jusqu’à ce que, à la fin des siècles, il
reçoive enfin de Dieu son achèvement, lorsque le Christ notre vie sera apparu
(cf. Col 3, 4) et que « la création elle-même sera affranchie de
l’esclavage de la corruption pour connaître la glorieuse liberté des enfants de
Dieu » (Rm 8, 21). C’est pourquoi ce peuple messianique, bien qu’il ne
comprenne pas encore effectivement l’universalité des hommes et qu’il garde
souvent les apparences d’un petit troupeau, constitue cependant pour tout
l’ensemble du genre humain le germe le plus sûr d’unité, d’espérance et de
salut. Établi par le Christ pour communier à la vie, à la charité et à la
vérité, il est entre ses mains l’instrument de la Rédemption de tous les hommes
; au monde entier il est envoyé comme lumière du monde et sel de la terre (cf.
Mt 5, 13-16).
Et tout comme l’Israël selon la chair cheminant dans le
désert reçoit déjà le nom d’Église de Dieu (Ne 13, 1 ; cf. Nb 20,
4 ; Dt 23, 1 s.) ainsi le nouvel Israël qui s’avance dans le siècle
présent en quête de la cité future, celle-là permanente (cf. He 13, 14),
est appelé lui aussi : l’Église du Christ (cf. Mt 16, 18) : c’est le
Christ, en effet, qui l’a acheté de son sang (cf. Ac 20, 28), empli de
son Esprit et pourvu des moyens adaptés pour son unité visible et sociale.
L’ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus, auteur du salut,
principe d’unité et de paix, Dieu les a appelés, il en a fait l’Église, pour
qu’elle soit, pour tous et pour chacun, le sacrement visible de cette unité
salutaire [15].
Destinée à s’étendre à toutes les parties du monde, elle prend place dans
l’histoire humaine, bien qu’elle soit en même temps transcendante aux limites
des peuples dans le temps et dans l’espace. Marchant à travers les tentations,
les tribulations, l’Église est soutenue par la vertu de la grâce de Dieu, à elle
promise par le Seigneur pour que, du fait de son infirmité charnelle, elle ne
défaille pas à la perfection de sa fidélité mais reste de son Seigneur la digne
Épouse, se renouvelant sans cesse sous l’action de l’Esprit Saint jusqu’à ce
que, par la croix, elle arrive à la lumière sans couchant.
10. Le sacerdoce commun
Le Christ
Seigneur, grand prêtre d’entre les hommes (cf. He 5, 1-5) 1-5) a fait du
peuple nouveau « un Royaume, des prêtres pour son Dieu et Père » (Ap 1, 6
; 5, 9-10). Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du
Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce
saint, de façon à offrir, par toutes les activités du chrétien, autant d’hosties
spirituelles, en proclamant les merveilles de celui qui, des ténèbres, les a
appelés à son admirable lumière (cf. 1 P 2, 4-10). C’est pourquoi tous
les disciples du Christ, persévérant dans la prière et la louange de Dieu (cf.
Ac 2, 42-47), doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à
Dieu (cf. Rm 12, 1), porter témoignage du Christ sur toute la surface de
la terre, et rendre raison, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux
d’une vie éternelle (cf. 1 P 3, 15).
Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce
ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non
seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en
effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ
[16].
Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d’un pouvoir sacré pour former
et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le
sacrifice eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les
fidèles eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande
de l’Eucharistie [17]
et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et
l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, leur renoncement et leur
charité effective.
11. L’exercice du sacerdoce commun dans les sacrements
Le caractère sacré et organique de la communauté
sacerdotale entre en action par les sacrements et les vertus. Les fidèles
incorporés à l’Église par le baptême ont reçu un caractère qui les délègue pour
le culte religieux chrétien ; devenus fils de Dieu par une régénération, ils
sont tenus de professer devant les hommes la foi que par l’Église ils ont reçue
de Dieu [18].
Par le sacrement de confirmation, leur lien avec l’Église est rendu plus
parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint et obligés
ainsi plus strictement tout à la fois à répandre et défendre la foi par la
parole et par l’action en vrais témoins du Christ [19].
Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie
chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec
elle [20]
; ainsi, tant par l’oblation que par la sainte communion, tous, non pas
indifféremment mais chacun à sa manière, prennent leur part originale dans
l’action liturgique. Il s’ensuit sous une forme concrète qu’ils manifestent,
ayant été renouvelés par le Corps du Christ au cours de la sainte liturgie
eucharistique, l’unité du Peuple de Dieu que ce grand sacrement signifie en
perfection et réalise admirablement.
Ceux qui s’approchent du sacrement de Pénitence y
reçoivent de la miséricorde de Dieu le pardon de l’offense qu’ils lui ont faite
et du même coup sont réconciliés avec l’Église que leur péché a blessée et qui,
par la charité, l’exemple, les prières, travaille à leur conversion. Par la
sainte onction des malades et la prière des prêtres, c’est l’Église tout entière
qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les
soulage et les sauve (cf. (cf. Jc 5, 14-16) ; bien mieux, elle les
exhorte de s’associer librement à la passion et à la mort du Christ (cf. Rm
8, 17 ; Col 1, 24 ; 2 Tm 2, 11-12 ; 1 P 4, 13) afin
d’apporter leur part pour le bien du Peuple de Dieu. Quant à ceux parmi les
fidèles qui reçoivent l’honneur de l’ordre sacré, c’est pour être par la parole
et la grâce de Dieu les pasteurs de l’Église qu’ils sont institués au nom du
Christ. Enfin, par la vertu du sacrement de mariage, qui leur donne de signifier
en y participant le mystère de l’unité et de l’amour fécond entre le Christ et
l’Église (cf. Ep 5, 32), les époux chrétiens s’aident mutuellement à se
sanctifier dans la vie conjugale, par l’accueil et l’éducation des enfants ; en
leur état de vie et leur ordre, ils ont ainsi dans le Peuple de Dieu leurs dons
propres (cf. 1 Co 7, 7) [21].
De leur union, en effet, procède la famille où naissent des membres nouveaux de
la cité des hommes, dont la grâce de l’Esprit Saint fera par le baptême des fils
de Dieu pour que le Peuple de Dieu se perpétue tout au long des siècles. Il faut
que par la parole et par l’exemple, dans cette sorte d’Église qu’est le foyer,
les parents soient pour leurs enfants les premiers hérauts de la foi, au service
de la vocation propre de chacun et tout spécialement de la vocation sacrée.
Pourvus de moyens
salutaires d’une telle abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient
au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par
Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du
Père.
12. Le sens de la foi et les charismes dans le peuple chrétien
Le Peuple saint de Dieu participe aussi de la fonction
prophétique du Christ ; il répand son vivant témoignage avant tout par une vie
de foi et de charité, il offre à Dieu un sacrifice de louange, le fruit de
lèvres qui célèbrent son Nom (cf. He 13, 15). La collectivité des
fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut
se tromper dans la foi ; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste
moyennant le sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier,
lorsque, « des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs [22]
», elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement
universel. Grâce en effet à ce sens de la foi qui est éveillé et soutenu par
l’Esprit de vérité, et sous la conduite du magistère sacré, pourvu qu’il lui
obéisse fidèlement, le Peuple de Dieu reçoit non plus une parole humaine, mais
véritablement la Parole de Dieu (cf. 1 Th 2, 13), il s’attache
indéfectiblement à la foi transmise aux saints une fois pour toutes (cf. Jude
3), il y pénètre plus profondément par un jugement droit et la met plus
parfaitement en œuvre dans sa vie.
Mais le même
Esprit Saint ne se borne pas à sanctifier le Peuple de Dieu par les sacrements
et les ministères, à le conduire et à lui donner l’ornement des vertus, il
distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres, « répartissant ses dons à son
gré en chacun » (1 Co 12, 11), les grâces spéciales qui rendent apte et
disponible pour assumer les diverses charges et offices utiles au renouvellement
et au développement de l’Église, suivant ce qu’il est dit : « C’est toujours
pour le bien commun que le don de l’Esprit se manifeste dans un homme » (1 Co
12, 7). Ces grâces, des plus éclatantes aux plus simples et aux plus largement
diffusées, doivent être reçues avec action de grâce et apporter consolation,
étant avant tout ajustées aux nécessités de l’Église et destinées à y répondre.
Mais les dons extraordinaires ne doivent pas être témérairement recherchés ; ce
n’est pas de ce côté qu’il faut espérer présomptueusement le fruit des œuvres
apostoliques ; c’est à ceux qui ont la charge de l’Église de porter un jugement
sur l’authenticité de ces dons et sur leur usage bien ordonné. C’est à eux qu’il
convient spécialement, non pas d’éteindre l’Esprit, mais de tout éprouver pour
retenir ce qui est bon (cf. 1 Th 5, 12.19-21).
13. L’universalité ou « catholicité » de l’unique Peuple de
Dieu
À faire partie du
Peuple de Dieu, tous les hommes sont appelés. C’est pourquoi ce peuple,
demeurant uni et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de l’univers
entier et à toute la suite des siècles pour que s’accomplisse ce que s’est
proposé la volonté de Dieu créant à l’origine la nature humaine dans l’unité, et
décidant de rassembler enfin dans l’unité ses fils dispersés (cf. Jn 11,
52). C’est dans ce but que Dieu envoya son Fils dont il fit l’héritier de
l’univers (cf. He 1, 2), pour être à l’égard de tous Maître, Roi et
Prêtre, chef du peuple nouveau et universel des fils de Dieu. C’est pour cela
enfin que Dieu envoya l’Esprit de son Fils, l’Esprit souverain et vivifant, qui
est, pour l’Église entière, pour tous et chacun des croyants, le principe de
leur rassemblement et de leur unité dans la doctrine des Apôtres, et la
communion fraternelle, dans la fraction du pain et les prières (cf. Ac 2,
42 grec).
Ainsi, l’unique Peuple de Dieu est présent à tous les
peuples de la terre, empruntant à tous les peuples ses propres citoyens,
citoyens d’un Royaume dont le caractère n’est pas de nature terrestre mais
céleste. Tous les fidèles, en effet, dispersés à travers le monde, sont, dans
l’Esprit Saint, en communion avec les autres, et, de la sorte « celui qui réside
à Rome sait que ceux des Indes sont pour lui un membre [23]
». Mais comme le Royaume du Christ n’est pas de ce monde (cf. Jn 18, 36),
l’Église, Peuple de Dieu par qui ce Royaume prend corps, ne retire rien aux
richesses temporelles de quelque peuple que ce soit, au contraire, elle sert et
assume toutes les capacités, les ressources et les formes de vie des peuples en
ce qu’elles ont de bon ; en les assumant, elle les purifie, elle les renforce,
elle les élève. Elle se souvient en effet qu’il lui faut faire office de
rassembleur avec ce Roi à qui les nations ont été données en héritage (cf. Ps
2, 8) et dans la cité duquel on apporte dons et présents (cf. Ps 71 [72],
10 ; Is 60, 4-7 ; Ap 21, 24). Ce caractère d’universalité qui
brille sur le Peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-même, grâce auquel
l’Église catholique, efficacement et perpétuellement, tend à récapituler
l’humanité entière avec tout ce qu’elle comporte de bien sous le Christ chef,
dans l’unité de son Esprit [24].
En vertu de cette catholicité, chacune des parties apporte
aux autres et à toute l’Église le bénéfice de ses propres dons, en sorte que le
tout et chacune des parties s’accroissent par un échange mutuel universel et par
un effort commun vers une plénitude dans l’unité. C’est pourquoi le Peuple de
Dieu ne se constitue pas seulement par le rassemblement des peuples divers, mais
jusqu’en lui-même, il se construit dans la variété des fonctions. En effet,
entre ses membres règne une diversité qui est, soit celle des charges, certains
exerçant le ministère sacré pour le bien de leurs frères, soit celle de la
condition et du mode de vie, beaucoup étant, de par l’état religieux qui leur
fait poursuivre la sainteté par une voie plus étroite, un exemple stimulant pour
leurs frères. C’est pourquoi encore il existe légitimement, au sein de la
communion de l’Église, des Églises particulières jouissant de leurs traditions
propres – sans préjudice du primat de la Chaire de Pierre qui préside à
l’assemblée universelle de la charité [25],
garantit les légitimes diversités et veille à ce que, loin de porter préjudice à
l’unité, les particularités, au contraire, lui soient profitables. De là, enfin,
entre les diverses parties de l’Église, les liens de communion intime quant aux
richesses spirituelles, quant au partage des ouvriers apostoliques et des
ressources matérielles. Les membres du Peuple de Dieu sont appelés en effet à
partager leurs biens et à chacune des Églises s’appliquent également les paroles
de l’Apôtre : « Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu,
comme il sied à de bons dispensateurs de la grâce divine qui est si diverse » (1
P 4, 10).
Ainsi donc, à
cette unité catholique du Peuple de Dieu qui préfigure et promeut la paix
universelle, tous les hommes sont appelés ; à cette unité appartiennent sous
diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles catholiques et ceux qui, par
ailleurs, ont foi dans le Christ, et finalement tous les hommes sans exception
que la grâce de Dieu appelle au salut.
14. Les fidèles catholiques
C’est vers les
fidèles catholiques que le saint Concile tourne en premier lieu sa pensée.
Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, il enseigne que cette Église
en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est
médiateur et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est
l’Église ; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du
baptême (cf. Mc 16, 16 ; Jn 3, 5), c’est la nécessité de l’Église
elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême, qu’il nous
a confirmée en même temps. C’est pourquoi ceux qui refuseraient soit d’entrer
dans l’Église catholique, soit d’y persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée
de Dieu par Jésus Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient pas être
sauvés.
Sont incorporés pleinement à la société qu’est l’Église
ceux qui, ayant l’Esprit du Christ, acceptent intégralement son organisation et
les moyens de salut qui lui ont été donnés, et qui, en outre, grâce aux liens
constitués par la profession de foi, les sacrements, le gouvernement
ecclésiastique et la communion, sont unis, dans l’ensemble visible de l’Église,
avec le Christ qui la dirige par le Souverain Pontife et les évêques.
L’incorporation à l’Église, cependant, n’assurerait pas le salut pour celui qui,
faute de persévérer dans la charité, reste bien « de corps » au sein de
l’Église, mais pas « de cœur» [26].
Tous les fils de l’Église doivent d’ailleurs se souvenir que la grandeur de leur
condition doit être rapportée non à leurs mérites, mais à une grâce particulière
du Christ ; s’ils n’y correspondent pas par la pensée, la parole et l’action, ce
n’est pas le salut qu’elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement [27].
Quant aux
catéchumènes qui, sous l’action de l’Esprit Saint demandent par un acte
explicite de leur volonté à être incorporés à l’Église, par le fait même de ce
vœu, ils lui sont unis, et l’Église, maternelle, les enveloppe déjà dans son
amour en prenant soin d’eux.
15. Les liens de l’Église avec les chrétiens non catholiques
Avec ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de
chrétiens sans professer pourtant intégralement la foi ou sans garder l’unité de
la communion sous le Successeur de Pierre, l’Église se sait unie pour de
multiples raisons [28].
Il en est beaucoup, en effet, qui tiennent la Sainte Écriture pour leur règle de
foi et de vie, manifestent un zèle religieux sincère, croient de tout leur cœur
au Dieu Père tout-puissant et au Christ Fils de Dieu et Sauveur [29],
sont marqués par le baptême qui les unit au Christ, et même reconnaissent et
reçoivent d’autres sacrements dans leurs propres Églises ou dans leurs
communautés ecclésiales. Plusieurs d’entre eux jouissent même de l’épiscopat,
célèbrent la sainte Eucharistie et entourent de leur piété la Vierge Mère de
Dieu [30].
À cela s’ajoute la communion dans la prière et dans les autres bienfaits
spirituels, bien mieux, une véritable union dans l’Esprit Saint, qui, par ses
dons et ses grâces, opère en eux aussi son action sanctifiante et dont la force
a permis à certains d’entre eux d’aller jusqu’à verser leur sang. Ainsi,
l’Esprit suscite en tous les disciples du Christ le désir et les initiatives qui
tendent à l’union pacifique de tous, suivant la manière que le Christ a voulue,
en un troupeau unique sous l’unique Pasteur [31].
À cette fin, l’Église notre Mère ne cesse de prier, d’espérer et d’agir,
exhortant ses fils à se purifier et à se renouveler pour que, sur le visage de
l’Église, le signe du Christ brille avec plus de clarté.
16. Les non-chrétiens
Enfin, pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile,
sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés au Peuple de Dieu [32]
et, en premier lieu, ce peuple qui reçut les alliances et les promesses, et dont
le Christ est issu selon la chair (cf. Rm 9, 4-5), peuple très aimé du
point de vue de l’élection, à cause des Pères, car Dieu ne regrette rien de ses
dons ni de son appel (cf. Rm 11, 28-29). Mais le dessein de salut
enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les
musulmans qui, professant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu
unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour. Et même des
autres, qui cherchent encore dans les ombres et sous des images un Dieu qu’ils
ignorent, de ceux-là mêmes Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui donne à
tous vie, souffle et toutes choses (cf. Ac 17, 25-28), et puisqu’il veut, comme
Sauveur, amener tous les hommes au salut (cf. 1 Tm 2, 4). En effet, ceux
qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son
Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous
l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur
conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut
éternel [33].
À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une
connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à
avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires
à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de
vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique [34]
et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la
vie. Bien souvent, malheureusement, les hommes, trompés par le démon, se sont
égarés dans leurs raisonnements, ils ont délaissé le vrai Dieu pour des êtres de
mensonge, servi la créature au lieu du Créateur (cf. Rm 1, 21.25) 21.25)
ou bien, vivant et mourant sans Dieu dans ce monde, ils sont exposés aux
extrémités du désespoir. C’est pourquoi l’Église, soucieuse de la gloire de Dieu
et du salut de tous ces hommes, se souvenant du commandement du Seigneur : «
Prêchez l’Évangile à toutes créatures» (Mc 16, 16), met tout son soin à
encourager et soutenir les missions.
17. Le caractère missionnaire de l’Église
En effet tout comme il a été envoyé par le Père, le Fils
lui-même a envoyé ses Apôtres (cf. Jn 20, 21) en disant : « Allez donc,
enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi,
je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des temps » (Mt
28, 18-20). Ce solennel commandement du Christ d’annoncer la vérité du salut, l’Église
l’a reçu des Apôtres pour en poursuivre l’accomplissement jusqu’aux extrémités
de la terre (cf. Ac 1, 8). C’est pourquoi elle fait siennes les paroles
de l’Apôtre : « Malheur à moi si je ne prêchais pas l’Évangile » (1 Co 9,
16) : elle continue donc inlassablement à envoyer les hérauts de l’Évangile
jusqu’à ce que les jeunes Églises soient pleinement établies et en état de
poursuivre elles aussi l’œuvre de l’évangélisation. L’Esprit Saint la pousse à
coopérer à la réalisation totale du dessein de Dieu qui a fait du Christ le
principe du salut pour le monde tout entier. En prêchant l’Évangile, l’Église
dispose ceux qui l’entendent à croire et à confesser la foi, elle les prépare au
baptême, les arrache à l’esclavage de l’erreur et les incorpore au Christ pour
croître en lui par la charité jusqu’à ce que soit atteinte la plénitude. Son
activité a le résultat non seulement de ne pas se laisser perdre tout ce qu’il y
a de germe de bien dans le cœur et la pensée des hommes ou de leurs rites
propres et leur culture ; mais de le guérir, l’élever, l’achever pour la gloire
de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme. À tout disciple du
Christ incombe pour sa part la charge de l’expansion de la foi [35].
Mais si le baptême peut être donné aux croyants par n’importe qui, c’est aux
prêtres cependant qu’il revient de procurer l’édification du Corps par le
sacrifice eucharistique en accomplissant les paroles de Dieu quand il dit par la
voix du prophète : « De l’Orient jusqu’au couchant, mon Nom est grand parmi les
nations, et en tous lieux est offert à mon Nom un sacrifice et une offrande pure
» (Ml 1, 11) [36].
Ainsi, l’Église unit prière et travail pour que le monde entier dans tout son
être soit transformé en Peuple de Dieu, en Corps du Seigneur et temple du
Saint-Esprit, et que soient rendus dans le Christ, chef de tous, au Créateur et
Père de l’univers, tout honneur et toute gloire.
CHAPITRE III :
La constitution hiérarchique et l’épiscopat
18. Introduction
Le Christ Seigneur,
pour assurer au Peuple de Dieu des pasteurs et les moyens de sa croissance, a
institué dans son Église divers ministères qui tendent au bien de tout le corps.
En effet, les ministres qui disposent du pouvoir sacré sont au service de leurs
frères, pour que tous ceux qui appartiennent au Peuple de Dieu et jouissent par
conséquent, en toute vérité, de la dignité chrétienne, puissent parvenir au
salut, dans leur effort commun, libre et ordonné, vers une même fin.
Ce saint Concile, s’engageant sur les traces du premier
Concile du Vatican, enseigne et déclare avec lui que Jésus Christ, Pasteur
éternel, a édifié la sainte Église en envoyant ses Apôtres, comme lui-même avait
été envoyé par le Père (cf. Jn 20, 21) ; il a voulu que les successeurs
de ces Apôtres, c’est-à-dire les évêques, soient dans l’Église, pasteurs jusqu’à
la consommation des siècles. Mais, pour que l’épiscopat lui-même fût un et
indivis, il a mis saint Pierre à la tête des autres Apôtres, instituant, dans sa
personne, un principe et un fondement perpétuels et visibles d’unité de la foi
et de communion [37].
Cette doctrine du primat du Pontife romain et de son infaillible magistère,
quant à son institution, à sa perpétuité, à sa force et à sa conception, le
saint Concile à nouveau la propose à tous les fidèles comme objet certain de foi.
De plus, poursuivant la tâche commencée, il veut, devant tous, énoncer et
expliciter la doctrine en ce qui concerne les évêques, successeurs des Apôtres
qui, avec le successeur de Pierre, vicaire du Christ [38],
et chef visible de toute l’Église, ont charge de diriger la maison du Dieu
vivant.
19. L’institution des Douze
Le Seigneur Jésus, après avoir longuement prié son Père,
appela à lui ceux qu’il voulut et en institua douze pour en faire ses compagnons
et les envoyer prêcher le Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13-19 ; Mt 10, 1-42)
; à cette institution des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il donna la forme d’un
collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi
parmi eux (cf. Jn 21, 15-17). Il les envoya aux fils d’Israël d’abord
et à toutes les nations (cf. Rm 1, 16) pour que, participant à son
pouvoir, ils fassent de tous les peuples ses disciples, pour qu’ils les
sanctifient et les gouvernent (cf. Mt 28, 16-20 ; Mc 16, 15 ;
Lc 24, 45-48 ; Jn 20, 21-23), propageant ainsi l’Église et
remplissant à son égard, sous la conduite du Seigneur, le service pastoral tous
les jours jusqu’à la consommation des siècles (cf. Mt 28, 20). Le jour de
Pentecôte, ils furent pleinement confirmés dans cette mission (cf. Ac 2,
1-26), selon la promesse du Seigneur : « Vous recevrez une force, celle de
l’Esprit Saint qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac
1, 8). En prêchant partout l’Évangile (cf. Mc 16, 20), accueilli par
ceux qui l’écoutent grâce à l’action de l’Esprit Saint, les Apôtres rassemblent
l’Église universelle que le Seigneur a fondée en ses Apôtres et bâtie sur le
bienheureux Pierre, leur chef, le Christ Jésus étant lui-même la pierre suprême
d’assise (cf. Ap 21, 14 ; Mt 16, 18 ; Ep 2, 20) [39].
20. Les évêques, successeurs des Apôtres
La mission divine
confiée par le Christ aux Apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des
siècles (cf. Mt 28, 20), étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre
est pour l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est
pourquoi les Apôtres prirent soin d’instituer, dans cette société
hiérarchiquement ordonnée, des successeurs.
En effet, ils n’eurent pas seulement pour leur ministère
des auxiliaires divers [40],
mais, pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur
mort, ils donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats
d’achever leur tâche et d’affermir l’œuvre commencée par eux [41],
leur recommandant de prendre garde à tout le troupeau dans lequel l’Esprit Saint
les avait institués pour paître l’Église de Dieu (cf. Ac 20, 28). Ils
instituèrent donc des hommes, de ce genre, leur donnant pour la suite charge
d’ordonner qu’après leur mort des hommes éprouvés recueillent leur ministère [42].
Parmi les différents ministères qui s’exercent dans l’Église depuis les premiers
temps, la première place, au témoignage de la Tradition, appartient à la
fonction de ceux qui, établis dans l’épiscopat, dont la ligne se continue depuis
les origines [43],
sont les instruments* de transmission de la semence apostolique [44].
Ainsi, selon le témoignage de saint Irénée, c’est la Tradition apostolique qui
se manifeste [45]
et se conserve dans le monde entier par ceux que les Apôtres ont faits évêques
et par leurs successeurs jusqu’à nous [46].
Ainsi donc, les évêques ont reçu, pour l’exercer avec
l’aide des prêtres et des diacres, le ministère de la communauté [47].
Ils président à la place de Dieu le troupeau [48],
dont ils sont les pasteurs, par le magistère doctrinal, le sacerdoce du culte
sacré, le ministère du gouvernement [49].
De même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le
premier des Apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue
une charge permanente, permanente est également la charge confiée aux Apôtres
d’être les pasteurs de l’Église, charge à exercer sans interruption par l’ordre
sacré des évêques [50].
C’est pourquoi le saint Concile enseigne que les évêques, en vertu de
l’institution divine, succèdent aux Apôtres [51],
comme pasteurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui
les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ (cf. Lc
10, 16) [52].
21. La sacramentalité de l’épiscopat
Ainsi donc en la personne des évêques assistés des
prêtres, c’est le Seigneur Jésus Christ, Pontife suprême, qui est présent au
milieu des croyants. Assis à la droite de Dieu le Père, il ne fait pas défaut au
corps des pontifes [53].
C’est par eux en tout premier lieu, par leur service éminent, qu’il prêche la
Parole de Dieu à toutes les nations et administre continuellement aux croyants
les sacrements de la foi ; c’est par leur paternelle fonction (cf. 1 Co
4, 15) qu’il intègre à son Corps par la régénération surnaturelle des membres
nouveaux ; c’est enfin par leur sagesse et leur prudence qu’il dirige et oriente
le peuple du Nouveau Testament dans son pèlerinage vers l’éternelle béatitude.
Choisis comme pasteurs pour paître le troupeau du Seigneur, ils sont les
ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu (cf. 1 Co
4, 1). À eux a été confiée la charge de rendre témoignage de l’Évangile de la
grâce de Dieu (cf. Rm 15, 16 ; Ac 20, 24) et d’exercer le
ministère glorieux de l’Esprit et de la justice dans la gloire (cf. 2 Co
3, 8-9).
Pour remplir de si hautes charges, les Apôtres furent
enrichis par le Christ d’une effusion de l’Esprit Saint descendant sur eux (cf.
Ac 1, 8 ; 2, 4 ; Jn 20, 22-23) ; eux-mêmes, par l’imposition des
mains, transmirent à leurs collaborateurs le don spirituel (cf. 1 Tm 4,
14 ; 2 Tm 1, 6-7) qui s’est communiqué jusqu’à nous à travers la
consécration épiscopale. Le saint Concile enseigne que, par la consécration
épiscopale [54],
est conférée la plénitude du sacrement de l’Ordre, que la coutume liturgique de
l’Église et la voix des saints Pères désignent en effet sous le nom de sacerdoce
suprême, la réalité totale du ministère sacré [55].
La consécration épiscopale, en même temps que la charge de sanctification,
confère aussi les charges d’enseigner et de gouverner, lesquelles cependant, de
par leur nature, ne peuvent s’exercer que dans la communion hiérarchique avec le
chef du collège et ses membres. En effet, la Tradition qui s’exprime surtout par
les rites liturgiques et par l’usage de l’Église, tant orientale qu’occidentale,
montre à l’évidence que par l’imposition des mains et les paroles de la
consécration, la grâce de l’Esprit Saint est donnée [56]
et le caractère sacré imprimé [57],
de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente et patente, tiennent la
place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et agissent en sa personne
[58].
Aux évêques, il revient d’introduire, par le sacrement de l’Ordre, de nouveaux
élus dans le corps épiscopal.
22. Le collège épiscopal et son chef
De même que saint Pierre et les autres Apôtres
constituent, de par l’institution du Seigneur, un seul collège apostolique,
semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre et les évêques successeurs
des Apôtres, forment entre eux un tout. Déjà la plus antique discipline en vertu
de laquelle les évêques établis dans le monde entier vivaient en communion entre
eux et avec l’évêque de Rome par le lien de l’unité, de la charité et de la paix
[59],
et de même la réunion de Conciles [60],
où l’on décidait en commun de toutes les questions les plus importantes [61],
par une décision que l’avis de l’ensemble permettait d’équilibrer [62],
tout cela signifie le caractère et la nature collégiale de l’ordre épiscopal ;
elle se trouve manifestement prouvée par le fait des Conciles œcuméniques tenus
tout le long des siècles. On la trouve évoquée dans l’usage qui s’est introduit
de très bonne heure d’appeler plusieurs évêques pour coopérer à l’élévation d’un
nouvel élu au ministère sacerdotal le plus élevé. C’est en vertu de la
consécration sacramentelle et par la communion hiérarchique avec le chef du
collège et ses membres que quelqu’un est fait membre du corps épiscopal.
Mais le collège ou corps épiscopal n’a d’autorité que si
on l’entend comme uni au Pontife romain, successeur de Pierre, comme à son chef
et sans préjudice pour le pouvoir du primat qui s’étend à tous, pasteurs et
fidèles. En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de
Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême
et universel qu’il peut toujours exercer librement. L’ordre des évêques, qui
succède au collège apostolique dans le magistère et le gouvernement pastoral,
bien mieux dans lequel le corps apostolique se perpétue sans interruption
constitue, lui aussi, en union avec le Pontife romain, son chef, et jamais en
dehors de ce chef, le sujet du pouvoir suprême et plénier sur toute l’Église [63],
pouvoir cependant qui ne peut s’exercer qu’avec le consentement du Pontife
romain. Le Seigneur a fait du seul Simon la pierre de son Église, à lui seul il
en a remis les clés (cf. Mt 16, 18-19) ; il l’a institué pasteur de tout
son troupeau (cf. Jn 21, 15 s.), mais cette charge de lier et de délier
qui a été donnée à Pierre (Mt 16, 19) a été aussi donnée, sans aucun
doute, au collège des Apôtres unis à son chef (Mt 18, 18 ; 28, 16-20) [64].
Par sa composition multiple, ce collège exprime, par son rassemblement sous un
seul chef, l’unité du troupeau du Christ. Dans ce collège, les évêques, fidèles
à observer le primat et l’autorité de leur chef, jouissent pour le bien de leurs
fidèles et même de toute l’Église, d’un pouvoir propre, l’Esprit Saint assurant
par l’action continue de sa force, la structure et la concorde dans l’organisme.
Le pouvoir suprême dont jouit ce collège à l’égard de l’Église universelle
s’exerce solennellement dans le Concile œcuménique. Il n’y a point de Concile
œcuménique s’il n’est pas comme tel confirmé ou tout au moins accepté par le
successeur de Pierre : au Pontife romain appartient la prérogative de convoquer
ces conciles, de les présider et de les confirmer [65].
Le pouvoir collégial peut être exercé en union avec le pape par les évêques
résidant sur la surface de la terre, pourvu que le chef du collège les appelle à
agir collégialement ou du moins qu’il donne à cette action commune des évêques
dispersés son approbation ou sa libre acceptation pour en faire un véritable
acte collégial.
23. Les
relations à l’intérieur du collège
L’unité collégiale apparaît aussi dans les relations
mutuelles de chacun des évêques avec les Églises particulières et avec l’Église
universelle. Le pontife romain, comme successeur de Pierre, est le principe
perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les
évêques, soit la multitude des fidèles [66].
Les évêques sont, chacun pour sa part, le principe et le fondement de l’unité
dans leurs Églises particulières [67]
; celles-ci sont formées à l’image de l’Église universelle, c’est en elles et
par elles qu’existe l’Église catholique une et unique [68].
C’est pourquoi chaque évêque représente son Église, et, tous ensemble, avec le
pape, représentent l’Église universelle dans le lien de la paix, de l’amour et
de l’unité.
Les évêques, pris à part, placés à la tête de chacune des
Églises particulières, exercent leur autorité pastorale sur la portion du Peuple
de Dieu qui leur a été confiée, et non sur les autres Églises ni sur l’Église
universelle. Mais, comme membres du collège épiscopal et légitimes successeurs
des Apôtres, ils sont tous tenus, à l’égard de l’Église universelle, de par
l’institution et le précepte du Christ, à cette sollicitude [69]
qui est, pour l’Église universelle, éminemment profitable, même si elle ne
s’exerce pas par un acte de juridiction. Tous les évêques, en effet, doivent
promouvoir et servir l’unité de la foi et la discipline commune de l’ensemble de
l’Église, former les fidèles à l’amour envers tout le Corps mystique du Christ,
surtout envers ses membres pauvres, souffrants, et envers ceux qui souffrent
persécution pour la justice (cf. Mt 5, 10), ils doivent enfin promouvoir
toute l’activité qui est commune à l’ensemble de l’Église, surtout en vue du
progrès de la foi et pour que la lumière de la pleine vérité se lève sur tous
les hommes. D’ailleurs, il est bien établi que, en gouvernant leur propre Église
comme une portion de l’Église universelle, ils contribuent efficacement au bien
de tout le Corps mystique qui est aussi le Corps des Églises [70].
Le soin d’annoncer l’Évangile sur toute la terre revient
au corps des pasteurs : à eux tous, en commun, le Christ a donné mandat en leur
imposant un devoir commun, selon ce que déjà le pape Célestin rappelait aux
Pères du Concile d’Ephèse [71].
C’est pourquoi les évêques, chacun pour sa part, dans toute la mesure où
l’accomplissement de sa propre charge le lui permet, doivent accepter d’entrer
en communauté d’effort entre eux et avec le successeur de Pierre, à qui a été
confiée, à titre singulier, la charge considérable de propager le nom chrétien [72].
C’est pourquoi ils doivent, de toutes leurs forces, contribuer à fournir aux
missions, et des ouvriers de la moisson et les secours spirituels et matériels,
tant par eux-mêmes directement qu’en suscitant la fervente coopération des
fidèles. Il faut enfin que les évêques se prêtent volontiers, selon l’antique et
vénérable exemple, à fournir, dans la communion universelle de la charité, un
secours fraternel aux autres Églises, surtout les plus proches et les plus
dépourvues.
La divine Providence a voulu que les Églises diverses
établies en divers lieux par les Apôtres et leurs successeurs se rassemblent au
cours des temps en plusieurs groupes organiquement réunis, qui, sans préjudice
pour l’unité de la foi et pour l’unique constitution divine de l’Église
universelle, jouissent de leur propre discipline, de leur propre usage
liturgique, de leur patrimoine théologique et spirituel. Certaines, parmi elles,
notamment les antiques Églises patriarcales, jouèrent le rôle de sources de foi
en engendrant d’autres Églises, comme leurs filles, avec lesquelles,
jusqu’aujourd’hui, un lien plus étroit de charité les relie dans la vie
sacramentelle et dans le respect mutuel des droits et des devoirs [73].
Cette variété des Églises locales montre avec plus d’éclat, par leur convergence
dans l’unité, la catholicité de l’Église indivise. De même, les Conférences
épiscopales peuvent, aujourd’hui, contribuer de façons multiples et fécondes à
ce que le sentiment collégial se réalise concrètement.
24. Le ministère épiscopal
Les évêques étant
successeurs des Apôtres reçoivent du Seigneur, à qui tout pouvoir a été donné
dans le ciel et sur la terre, la mission d’enseigner toutes les nations et de
prêcher l’Évangile à toute créature, afin que tous les hommes, par la foi, le
baptême et l’accomplissement des commandements, obtiennent le salut (cf. Mt
28, 18 ; Mc 16, 15- 16 ; Ac 26, 17 s.). Pour remplir cette
mission, le Christ Seigneur a promis aux Apôtres l’Esprit Saint, et, le jour de
Pentecôte, l’a envoyé du ciel pour que, grâce à sa vertu, les Apôtres soient ses
témoins jusqu’à l’extrémité de la terre devant les nations, les peuples et les
rois (cf. Ac 1, 8 ; 2, 1 s. ; 9, 15). Cette charge, confiée par le
Seigneur aux pasteurs de son peuple, est un véritable service : dans la Sainte
Écriture, il est appelé expressément « diakonia » ou ministère (cf. Ac 1,
17.25 ; 21, 19 ; Rm 11, 13 ; 1 Tm 1, 12).
La mission canonique des évêques peut être donnée, soit
par le moyen des coutumes légitimes que le pouvoir suprême et universel de
l’Église n’a pas révoquées, ou par le moyen des lois que cette même autorité a
portées ou reconnues, ou directement par le successeur de Pierre lui-même ; si
celui-ci s’y oppose ou refuse la communion apostolique, les évêques ne peuvent
pas être mis en charge [74].
25. La fonction d’enseignement des évêques
Parmi les charges principales des évêques, la prédication
de l’Évangile est la première [75].
Les évêques sont, en effet, les hérauts de la foi, amenant au Christ de nouveaux
disciples, et les docteurs authentiques, c’est-à-dire pourvus de l’autorité du
Christ, prêchant au peuple qui leur est confié la foi qui doit régler leur
pensée et leur conduite, faisant rayonner cette foi sous la lumière de l’Esprit
Saint, dégageant du trésor de la Révélation le neuf et l’ancien (cf. Mt
13, 52), faisant fructifier la foi, attentifs à écarter toutes les erreurs qui
menacent leur troupeau (cf. 2 Tm 4, 1-4). Les évêques qui enseignent en
communion avec le Pontife romain ont droit, de la part de tous, au respect qui
convient à des témoins de la vérité divine et catholique ; les fidèles doivent
s’attacher à la pensée que leurs évêques expriment, au nom du Christ, en matière
de foi et de mœurs, et ils doivent lui donner l’assentiment religieux de leur
esprit. Cet assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence est dû, à
un titre singulier, au Souverain Pontife en son magistère authentique, même
lorsqu’il ne parle pas ex cathedra, ce qui implique la reconnaissance
respectueuse de son suprême magistère, et l’adhésion sincère à ses affirmations,
en conformité à ce qu’il manifeste de sa pensée et de sa volonté et que l’on
peut déduire en particulier du caractère des documents, ou de l’insistance à
proposer une certaine doctrine, ou de la manière même de s’exprimer.
Quoique les évêques, pris un à un, ne jouissent pas de la
prérogative de l’infaillibilité, cependant, lorsque, même dispersés à travers le
monde, mais gardant entre eux et avec le successeur de Pierre le lien de la
communion, ils s’accordent pour enseigner authentiquement qu’une doctrine
concernant la foi et les mœurs s’impose de manière absolue, alors, c’est la
doctrine du Christ qu’infailliblement ils expriment [76].
La chose est encore plus manifeste quand, dans le Concile œcuménique qui les
rassemble, ils font, pour l’ensemble de l’Église, en matière de foi et de mœurs,
acte de docteurs et de juges, aux définitions desquels il faut adhérer dans
l’obéissance de la foi [77].
Cette infaillibilité, dont le divin Rédempteur a voulu
pourvoir son Église pour définir la doctrine concernant la foi et les mœurs,
s’étend aussi loin que le dépôt lui-même de la Révélation divine à conserver
saintement et à exposer fidèlement. De cette in faillibilité, le Pontife romain,
chef du collège des évêques, jouit du fait même de sa charge quand, en tant que
pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de confirmer ses
frères dans la foi (cf. Lc 22, 32) , il proclame, par un acte définitif,
un point de doctrine touchant la foi et les mœurs [78].
C’est pourquoi les définitions qu’il prononce sont dites, à juste titre,
irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église, étant
prononcées sous l’assistance du Saint-Esprit à lui promise en la personne de
saint Pierre, n’ayant pas besoin, par conséquent, d’une approbation d’autrui, de
même qu’elles ne peuvent comporter d’appel à un autre jugement. Alors, en effet,
le Pontife romain ne prononce pas une sentence en tant que personne privée, mais
il expose et défend la doctrine de la foi catholique [79],
en tant qu’il est, à l’égard de l’Église universelle, le maître suprême en qui
réside, à titre singulier, le charisme d’infaillibilité qui est celui de
l’Église elle-même. L’infaillibilité promise à l’Église réside aussi dans le
corps des évêques quand il exerce son magistère suprême en union avec le
successeur de Pierre. À ces définitions, l’assentiment de l’Église ne peut
jamais faire défaut, étant donné l’action du même Esprit Saint qui conserve et
fait progresser le troupeau entier du Christ dans l’unité de la foi [80].
Lorsque le Pontife romain, ou le corps des évêques avec
lui, porte une définition, ils le font conformément à la Révélation elle-même à
laquelle tous doivent se tenir et se conformer, Révélation qui est transmise
intégralement, sous forme écrite ou par tradition, par la succession légitime
des évêques, et, avant tout, par le soin du Pontife romain lui-même ; cette
Révélation à la lumière de l’Esprit de vérité est scrupuleusement conservée dans
l’Église et fidèlement présentée [81].
Le Pontife romain et les évêques s’appliquent avec zèle à scruter
consciencieusement et à énoncer correctement cette Révélation, dans la
conscience de leur devoir et de la gravité de la chose, en ayant recours aux
moyens appropriés [82]
; mais ils ne reçoivent, comme appartenant au dépôt divin de la foi, aucune
nouvelle révélation publique [83].
26. La fonction de sanctification des évêques
L’évêque, revêtu de la plénitude du sacrement de l’Ordre,
porte « la responsabilité de dispenser la grâce du suprême sacerdoce [84]
», en particulier dans l’Eucharistie qu’il offre lui-même ou dont il assure
l’oblation [85],
et d’où vient à l’Église continuellement vie et croissance. Cette Église du
Christ est vraiment présente en toutes les légitimes assemblées locales de
fidèles qui, unies à leurs pasteurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux
aussi, le nom d’Églises [86].
Elles sont, en effet, chacune à sa place, le peuple nouveau appelé par Dieu dans
l’Esprit Saint et dans une grande assurance (cf. 1 Th 1, 5). En elles,
les fidèles sont rassemblés par la prédication de l’Évangile du Christ, le
mystère de la Cène du Seigneur est célébré « pour que, par le moyen de la Chair
et du Sang du Seigneur, se resserre, en un seul Corps, toute la fraternité [87]
». Chaque fois que la communauté de l’autel se réalise, en dépendance du
ministère sacré de l’évêque [88],
se manifeste le symbole de cette charité et « de cette unité du Corps mystique
sans laquelle le salut n’est pas possible [89]
». Dans ces communautés, si petites et pauvres qu’elles puissent être souvent ou
dispersées, le Christ est présent par la vertu duquel se constitue l’Église une,
sainte, catholique et apostolique [90].
Car « la participation au Corps et au Sang du Christ n’a pas d’autre effet que
de nous transformer en ce que nous recevons [91]
».
Mais toute
célébration légitime de l’Eucharistie est dirigée par l’évêque à qui a été
confiée la charge de présenter à la Majesté divine le culte de la religion
chrétienne, de le régler selon les préceptes du Seigneur et selon les lois de
l’Église, auxquelles il apporte, pour son diocèse, par son jugement particulier,
les déterminations ultérieures.
Aussi, les évêques, en priant et travaillant pour leur
peuple, répandent sur lui en abondance et sous des formes diverses ce qui vient
de la plénitude de la sainteté du Christ. Par le ministère de la Parole, ils
communiquent aux croyants, en vue de leur sa lut (cf. Rm 1, 16), la vertu
de Dieu et, par les sacrements dont ils organisent, par leur autorité, la
distribution régulière et féconde [92],
ils sanctifient les fidèles. Ils règlent la célébration du baptême, où est
donnée participation au sacerdoce royal du Christ. Ils sont les ministres
originaires de la confirmation ; ce sont eux qui donnent les saints ordres et
règlent la discipline de la pénitence et s’emploient avec zèle, par
l’exhortation et l’instruction, à ce que leurs peuples prennent, dans la foi et
le respect, la part qui est la leur dans la liturgie et surtout dans le saint
sacrifice de la messe. Ils doivent enfin donner à ceux à la tête desquels ils
sont placés, le bénéfice de leur exemple, s’abstenant dans leur conduite de tout
ce qui est mal, et réformant leur conduite autant qu’ils le peuvent, avec l’aide
de Dieu, dans le sens du bien, en sorte qu’ils puissent parvenir, avec le
troupeau qui leur est confié, jusqu’à la vie éternelle [93].
27. La fonction de gouvernement des évêques
Chargés des Églises particulières qui leur sont confiées,
les évêques les dirigent [94]
comme vicaires et légats du Christ, par leurs conseils, leurs encouragements,
leurs exemples, mais aussi par leur autorité et par l’exercice du pouvoir sacré,
dont l’usage cependant ne leur appartient qu’en vue de l’édification en vérité
et en sainteté de leur troupeau, se souvenant que celui qui est le plus grand
doit se faire le plus petit, et celui qui commande, le serviteur (cf. Lc
22, 26-27).
Ce pouvoir qu’ils
exercent personnellement au nom du Christ est un pouvoir propre, ordinaire et
immédiat : il est soumis cependant dans son exercice à la régulation dernière
qui lui vient de l’autorité suprême de l’Église et, en considération de
l’utilité de l’Église ou des fidèles, il peut être, par cette autorité, resserré
en certaines limites. En vertu de ce pouvoir, les évêques ont le droit sacré, et
devant Dieu le devoir, de porter des lois obligatoires pour leurs sujets, de
rendre les jugements et de régler tout ce qui concerne l’ordre du culte et de
l’apostolat.
La charge pastorale, c’est-à-dire le soin habituel et
quotidien de leurs brebis, leur est pleinement remise ; on ne doit pas les
considérer comme les vicaires des Pontifes romains, car ils exercent un pouvoir
qui leur est propre et, en toute vérité, sont, pour les peuples qu’ils dirigent,
des chefs [95].
Ainsi, leur pouvoir n’est nullement effacé par le pouvoir suprême et universel ;
au contraire, il est affermi, renforcé et défendu par lui [96],
la forme établie par le Christ Seigneur pour le gouvernement de son Église étant
indéfectiblement assurée par l’Esprit Saint.
Envoyé par le père de famille pour gouverner les siens,
l’évêque doit garder devant ses yeux l’exemple du bon Pasteur venu, non pas pour
se faire servir, mais servir (cf. Mt 20, 28 ; Mc 10, 45), et
donner sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 11). Pris parmi les hommes et
enveloppé de faiblesse, il peut se montrer indulgent envers les ignorants et les
égarés (cf. He 5, 1-2). Qu’il ne répugne pas à écouter ceux qui dépendent
de lui, les entourant comme de vrais fils et les exhortant à travailler avec lui
dans l’allégresse. Appelé à rendre compte à Dieu de leurs âmes (cf. He
13, 17), que sa sollicitude s’étende, par la prière, la prédication et toutes
les œuvres de charité, soit à eux, soit également à ceux qui ne sont pas encore
de l’unique troupeau et qu’il doit considérer comme lui étant confiés dans le
Seigneur. Étant comme l’apôtre Paul débiteur à l’égard de tous, qu’il soit
prompt à annoncer l’Évangile à tous (cf. Rm 1, 14-15) en engageant tous
ses fidèles à une activité apostolique et missionnaire. Quant aux fidèles, ils
doivent s’attacher à leur évêque comme l’Église à Jésus Christ et comme Jésus
Christ à son Père, afin que toutes choses conspirent dans l’unité [97]
et soient fécondes pour la gloire de Dieu (cf. 2 Co 4, 15).
28. Les prêtres dans leur relation au Christ, aux évêques, au
presbyterium et au peuple chrétien
Le Christ, que le Père a consacré et envoyé dans le monde
(Jn 10, 36) , a fait les évêques successeurs des Apôtres et, par ces
Apôtres eux-mêmes, participants de sa consécration et de sa mission [98].
À leur tour, les évêques ont transmis légitimement dans l’Église la charge de
leur ministère selon divers degrés à divers sujets. C’est ainsi que le ministère
ecclésiastique, institué par Dieu, est exercé dans la diversité des ordres par
ceux que déjà depuis l’Antiquité on appelle évêques, prêtres, diacres [99].
Tout en n’ayant pas la charge suprême du pontificat et tout en dépendant des
évêques dans l’exercice de leurs pouvoirs, les prêtres leur sont cependant unis
dans la dignité sacerdotale [100]
; et par la vertu du sacrement de l’Ordre [101],
à l’image du Christ prêtre suprême et éternel (He 5, 1-10 ; 7, 24 ; 9,
11-28), ils sont consacrés pour prêcher l’Évangile et pour être les pasteurs des
fidèles et célébrer le culte divin en vrais prêtres du Nouveau Testament [102].
Participant, à leur niveau de ministère, de la charge de l’unique Médiateur qui
est le Christ (1 Tm 2, 5), ils annoncent à tous la Parole de Dieu. C’est
dans le culte ou synaxe eucharistique que s’exerce par excellence leur charge
sacrée : là, agissant en la personne du Christ [103]
et proclamant son mystère, ils réunissent les vœux des fidèles au sacrifice de
leur chef, représentant et appliquant dans le sacrifice de la messe, jusqu’à ce
que le Seigneur vienne (cf. 1 Co 11, 26), l’unique sacrifice du Nouveau
Testament, celui du Christ s’offrant une fois pour toutes à son Père en victime
immaculée (cf. He 9, 11-28) [104].
En faveur des fidèles pénitents ou malades, ils remplissent, à un titre éminent,
le ministère de la réconciliation et du soulagement ; ils présentent à Dieu le
Père les besoins et les prières des fidèles (cf. He 5, 1-4). Exerçant,
pour la part d’autorité qui est la leur, la charge du Christ, pasteur et chef [105],
ils rassemblent la famille de Dieu, fraternité qui n’a qu’une âme [106],
et, par le Christ, dans l’Esprit, ils la conduisent à Dieu le Père. Ils rendent
à Dieu le Père, au milieu de leur troupeau, l’adoration en esprit et en vérité
(cf. Jn 4, 24). Enfin, ils peinent à la parole et à l’enseignement (cf.
1 Tm 5, 17), croyant ce qu’ils lisent et méditent dans la loi du
Seigneur, enseignant ce qu’ils croient, pratiquant ce qu’ils enseignent [107].
Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal [108]
dont ils sont l’aide et l’instrument, appelés à servir le Peuple de Dieu, les
prêtres constituent, avec leur évêque, un seul presbyterium [109]
aux fonctions diverses. En chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles,
ils rendent d’une certaine façon présent l’évêque auquel ils sont associés d’un
cœur confiant et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa
sollicitude, et les mettant en œuvre dans leur souci quotidien des fidèles.
Sanctifiant et dirigeant, sous l’autorité de l’évêque, la portion du troupeau du
Seigneur qui leur est confiée, c’est l’Église universelle qu’ils rendent visible
aux lieux où ils sont, et c’est le Corps entier du Christ à l’édification duquel
(cf. Ep 4, 12) ils contribuent efficacement. Sans cesse tendus vers ce
qui est le bien des fils de Dieu, ils doivent mettre leur zèle à contribuer
aussi à l’œuvre pastorale du diocèse entier, bien mieux, de toute l’Église. En
raison de cette participation au sacerdoce et à la mission de leur évêque, les
prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui obéir respectueusement.
L’évêque, lui, doit considérer les prêtres, ses coopérateurs, comme des fils et
des amis, tout comme le Christ appelle ses disciples non plus serviteurs, mais
amis (cf. Jn 15, 15). Tous les prêtres, par conséquent, tant diocésains
que religieux, en raison de l’ordre et du ministère, sont articulés sur le corps
des évêques et, selon leur vocation et leur grâce, sont au service du bien de
l’Église entière.
Une intime
fraternité lie entre eux tous les prêtres en raison de la communauté
d’ordination et de mission : cette fraternité doit se manifester spontanément et
volontiers sous forme d’aide mutuelle, tant spirituelle que matérielle, tant
pastorale que personnelle, dans les réunions et la communion de vie, de travail
et de charité. De leurs fidèles, qu’ils ont engendrés spirituellement par le
baptême et l’enseignement (cf. 1 Co 4, 15 ; 1 P 1, 23), les
prêtres doivent avoir, dans le Christ, un souci paternel. Se faisant
généreusement l’exemple du troupeau (1 P 5, 3), ils doivent diriger et
servir leurs communautés locales, de telle sorte qu’elles puissent être dignes
de recevoir le nom qui marque l’unique Peuple de Dieu en sa totalité : l’Église
de Dieu (cf. 1 Co 1, 2 ; 2 Co 1, 1 ; et passim). Qu’ils se
souviennent qu’ils doivent, par leur comportement quotidien et dans leur
sollicitude, montrer aux fidèles et aux infidèles, aux catholiques et aux
non-catholiques, le visage d’un ministère vraiment sacerdotal et pastoral, et
rendre à tous le témoignage de la vérité et de la vie ; être également comme de
bons pasteurs en quête (cf. Lc 15, 4-7) de ceux qui, malgré le baptême
reçu dans l’Église catholique, ont abandonné la pratique des sacrements ou même
la foi.
Et comme le genre
humain, aujourd’hui de plus en plus, tend à l’unité civile, économique et
sociale, les prêtres ont le devoir d’autant plus pressant d’unir leurs
préoccupations et leurs moyens sous la conduite des évêques et du Souverain
Pontife, pour écarter toute forme de division et amener le genre humain tout
entier à l’unité de la famille de Dieu.
29. Les diacres
Au degré inférieur de la hiérarchie se trouvent les
diacres auxquels on a imposé les mains « non pas en vue du sacerdoce, mais en
vue du ministère [110]
». La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir
le Peuple de Dieu dans la « diaconie » de la liturgie, de la parole et de la
charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium. Selon les dispositions
à prendre par l’autorité qualifiée, il appartient aux diacres d’administrer
solennellement le baptême, de conserver et de distribuer l’Eucharistie,
d’assister, au nom de l’Église, au mariage et de le bénir, de porter le viatique
aux mourants, de donner lecture aux fidèles de la Sainte Écriture, d’instruire
et exhorter le peuple, de présider au culte et à la prière des fidèles, d’être
ministres des sacramentaux, de présider aux rites funèbres et à la sépulture.
Consacrés aux offices de charité et d’administration, les diacres ont à se
souvenir de l’avertissement de saint Polycarpe : « Être miséricordieux, zélés,
marcher selon la vérité du Seigneur qui s’est fait le serviteur de tous [111].
»
CHAPITRE IV :
Les laïcs
30. Introduction
Le saint Concile,
ayant précisé les fonctions de la hiérarchie, se plaît à tourner sa pensée vers
la condition de ces chrétiens qui portent le nom de laïcs. Si, en effet, tout ce
qui a été dit du Peuple de Dieu concerne à titre égal laïcs, religieux et clercs,
cependant aux laïcs, hommes et femmes, en raison de leur condition et de leur
mission, reviennent en particulier un certain nombre de choses dont les
circonstances spéciales à notre temps obligent d’étudier de plus près les
fondements. Les pasteurs sacrés savent bien l’importance de la contribution des
laïcs au bien de l’Église entière. Ils savent qu’ils n’ont pas été eux-mêmes
institués par le Christ pour assumer à eux seuls tout l’ensemble de la mission
salutaire de l’Église à l’égard du monde, leur tâche magnifique consistant à
comprendre leur mission de pasteurs à l’égard des fidèles et à reconnaître les
services et les charismes propres à ceux-ci, de telle sorte que tout le monde à
sa façon et dans l’unité apporte son concours à l’œuvre commune. « Il faut, en
effet, que tous, par la pratique d’une charité sincère, nous grandissions de
toutes manières vers celui qui est la tête, le Christ dont le corps tout entier,
grâce à tous les ligaments qui le desservent, tire cohésion et unité et, par l’activité
assignée à chacun de ses organes, opère sa propre croissance pour s’édifier
lui-même dans la charité» (Ep 4, 15-16).
31. Qui est visé ici par le terme « laïc »?
Sous le nom de
laïcs, on entend ici tous les fidèles, en dehors des membres de l’ordre sacré et
de l’état religieux reconnu dans l’Église qui, étant incorporés au Christ par le
baptême, intégrés au Peuple de Dieu, et participants à leur manière de la
fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, exercent pour leur part,
dans l’Église et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple
chrétien.
Le caractère
séculier est le caractère propre et particulier des laïcs. En effet, les membres
de l’ordre sacré bien qu’ils puissent se trouver engagés dans les choses du
siècle, même en exerçant une profession séculière, restent, en raison de leur
vocation particulière, principalement et expressément ordonnés au ministère
sacré ; les religieux, de leur côté, en vertu de leur état, attestent d’une
manière éclatante et exceptionnelle que lemonde ne peut se transfigurer et être
offert à Dieu en dehors de l’esprit des Béatitudes. La vocation propre des laïcs
consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses
temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire
engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions
ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée.
À cette place, ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la
sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs propres
charges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pour manifester le Christ
aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance
et de charité. C’est à eux qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer
et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement
unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le
Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur.
32. La dignité des laïcs comme membres du Peuple de Dieu
L’Église sainte,
de par l’institution divine, est organisée et dirigée suivant une variété
merveilleuse. « Car, de même qu’en un seul corps nous avons plusieurs membres et
que tous les membres n’ont pas tous même fonction, ainsi, à plusieurs, nous
sommes un seul corps dans le Christ, étant chacun pour sa part, membres les uns
des autres » (Rm 12, 4-5).
Il n’y a donc
qu’un Peuple de Dieu choisi par Lui : « Il n’y a qu’un Seigneur, une foi, un
baptême » (Ep 4, 5). Commune est la dignité des membres du fait de leur
régénération dans le Christ ; commune la grâce d’adoption filiale ; commune la
vocation à la perfection ; il n’y a qu’un salut, une espérance, une charité
indivisible. Il n’y a donc, dans le Christ et dans l’Église, aucune inégalité
qui viendrait de la race ou de la nation, de la condition sociale ou du sexe,
car « il n’y a ni Juif ni Grec, il y a ni esclave ni homme libre, ni homme ni
femme, vous n’êtes tous qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3 ; 28 grec
; cf. Col 3, 11).
Si donc, dans
l’Église, tous ne marchent pas par le même chemin, tous, cependant, sont appelés
à la sainteté et ont reçu une foi qui les rends égaux dans la justice du Christ
(cf. 2 P 1, 1). Même si certains, par la volonté du Christ, sont
institués docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des
autres, cependant, quant à la dignité et à l’activité commune à tous les fidèles
dans l’édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable
égalité. Car la différence même que le Seigneur a mise entre les ministres
sacrés et le reste du Peuple de Dieu comporte en soi union, étant donné que les
pasteurs et les autres fidèles se trouvent liés les uns aux autres par une
communauté de rapports, les pasteurs de l’Église qui suivent l’exemple du
Seigneur étant au service les uns des autres et au service des autres fidèles,
lesquels apportent de leur côté aux pasteurs et aux docteurs le concours joyeux
de leur aide. Ainsi, dans la diversité même, tous rendent témoignage de
l’admirable dignité qui règne dans le Corps du Christ : en effet, la diversité
même des grâces, des ministères et des opérations contribue à lier les fils de
Dieu en un tout. Car « tout cela, c’est l’œuvre d’un seul et même Esprit » (1
Co 12, 11).
Ainsi donc, tout comme, par la bienveillance de Dieu, ils
ont pour frère le Christ, venu non pour être servi, mais pour servir (cf. Mt
20, 28), alors qu’il est le Maître de tout, ainsi les laïcs ont aussi pour
frères ceux qui, appliqués au sacré ministère, font près de la famille de Dieu
office de pasteurs, enseignant, sanctifiant, dirigeant par l’autorité du Christ
pour que le commandement nouveau de la charité soit accompli par tous. Saint
Augustin dit à ce sujet ces très belles paroles : « D’être là pour vous me
remplit de terreur ; mais d’être là avec vous me rassure. Car pour vous, je suis
évêque ; avec vous je suis chrétien. Cela exprime un devoir, ceci est une grâce
; cela évoque un péril, ceci est le salut [112].
»
33. La vie salutaire et apostolique des laïcs
Les laïcs, réunis
dans le Peuple de Dieu et constituant un seul Corps du Christ sous un seul Chef,
sont appelés, quels qu’ils soient, à coopérer comme des membres vivants au
progrès de l’Église et à sa sanctification permanente, en y appliquant toutes
les forces qu’ils ont reçues du bienfait du Créateur et de la grâce du
Rédempteur.
L’apostolat des laïcs est une participation à la mission
salutaire elle-même de l’Église : à cet apostolat, tous sont destinés par le
Seigneur lui-même en vertu du baptême et de la confirmation. Les sacrements,
surtout la sainte Eucharistie, communiquent et entretiennent cette charité
envers Dieu et les hommes, qui est l’âme de tout l’apostolat. Les laïcs sont
appelés tout spécialement à assurer la présence et l’action de l’Église dans les
lieux et les circonstances où elle ne peut devenir autrement que par eux le sel
de la terre [113].
Ainsi, tout laïc, en vertu des dons qui lui ont été faits, constitue un témoin
et en même temps un instrument vivant de la mission de l’Église elle-même, « à
la mesure du don du Christ » (Ep 4, 7).
En plus de cet apostolat, qui concerne tous les fidèles,
les laïcs peuvent en outre, de diverses manières, être appelés à coopérer plus
immédiatement avec l’apostolat de la hiérarchie [114],
à la façon de ces hommes et de ces femmes qui étaient des auxiliaires de
l’apôtre Paul dans l’Évangile, et, dans le Seigneur, dépensaient un grand labeur
(cf. Ph 4, 3 ; Rm 16, 3 s.). En outre, ils ont en eux une aptitude
à être assumés par la hiérarchie en vue de certaines fonctions ecclésiastiques à
but spirituel.
À tous les laïcs,
par conséquent, incombe la noble charge de travailler à ce que le dessein divin
de salut parvienne de plus en plus à tous les hommes de tous les temps et de
toute la terre. La voie doit donc leur être ouverte de toutes parts pour que,
selon leurs forces et selon les nécessités des temps, ils puissent activement
participer, eux aussi, à l’œuvre de salut qui est celle de l’Église.
34. La participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte
Voulant poursuivre
également, par le moyen des laïcs, son témoignage et son service, le Christ
Jésus, prêtre suprême et éternel, leur apporte la vie par son Esprit, et les
pousse inlassablement à réaliser tout bien et toute perfection.
À ceux qu’il
s’unit intimement dans sa vie et dans sa mission, il accorde, en outre, une part
dans sa charge sacerdotale pour l’exercice du culte spirituel en vue de la
glorification de Dieu et du salut des hommes. C’est pourquoi les laïcs, en vertu
de leur consécration au Christ et de l’onction de l’Esprit Saint, reçoivent la
vocation admirable et les moyens qui permettent à l’Esprit de produire en eux
des fruits toujours plus abondants. En effet, toutes leurs activités, leurs
prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale,
leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps, si elles sont
vécues dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu’elles
soient patiemment supportées, tout cela devient « offrandes spirituelles,
agréables à Dieu par Jésus Christ » (cf. 1 P 2, 5), et dans la
célébration eucharistique, rejoint l’oblation du Corps du Seigneur pour être
offert en toute piété au Père. C’est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le
monde lui-même, rendant partout à Dieu par la sainteté de leur vie un culte
d’adoration.
35. La participation des laïcs à la fonction prophétique du
Christ et au témoignage
Le Christ, grand
prophète, qui par le témoignage de sa vie et la vertu de sa parole a proclamé le
Royaume du Père, accomplit sa fonction prophétique jusqu’à la pleine
manifestation de la gloire, non seulement par la hiérarchie qui enseigne en son
nom et avec son pouvoir, mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela des
témoins en les pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la parole (cf.
Ac 2, 17-18 ; Ap 19, 10), afin que brille dans la vie quotidienne,
familiale et sociale, la vertu de l’Évangile. Ils se présentent comme les fils
de la promesse, lorsque, fermes dans la foi et dans l’espérance, ils mettent à
profit le moment présent (cf. Ep 5, 16 ; Col 4, 5), et attendent
avec constance la gloire à venir (cf. Rm 8, 25). Cette espérance, ils ne
doivent pas la cacher dans le secret de leur cœur, mais l’exprimer aussi à
travers les structures de la vie du siècle par un effort continu de conversion,
en luttant « contre les souverains de ce monde des ténèbres, contre les esprits
du mal » (Ep 6, 12).
Tout comme les
sacrements de la loi nouvelle, où s’alimentent la vie et l’apostolat des
fidèles, préfigurent le ciel nouveau et la nouvelle terre (cf. Ap 21, 1)
, ainsi les laïcs deviennent les hérauts puissants de la foi en ce qu’on espère
(cf. He 11, 1) s’ils unissent, sans hésitation, à une vie animée par la
foi la profession de cette même foi. Cette action évangélisatrice, c’est-à-dire
cette annonce du Christ faite par le témoignage de la vie et par la parole,
prend un caractère spécifique et une particulière efficacité du fait qu’elle
s’accomplit dans les conditions communes du siècle.
Dans cet ordre de
fonctions apparaît la haute valeur de cet état de vie que sanctifie un sacrement
spécial, à savoir la vie du mariage et de la famille. Le terrain d’exercice et
l’école par excellence de l’apostolat des laïcs se trouvent là, dans la famille
où la religion chrétienne pénètre toute l’organisation de la vie et la
transforme chaque jour davantage. Là, les époux trouvent leur vocation propre :
être l’un pour l’autre et pour leurs enfants témoins de la foi et de l’amour du
Christ. La famille chrétienne proclame hautement à la fois les vertus du Royaume
de Dieu et l’espoir de la vie bienheureuse. Ainsi, par son exemple et par son
témoignage, elle est la condamnation du monde pécheur et la lumière pour ceux
qui cherchent la vérité.
Par conséquent,
les laïcs peuvent et doivent, même occupés par leurs soucis temporels, exercer
pour l’évangélisation du monde une action précieuse. Certains d’entre eux,
suivant leurs moyens, apportent, à défaut de ministres sacrés, ou quand ceux-ci
sont réduits à l’impuissance par un régime de persécutions, un concours de
suppléance pour certains offices sacrés ; de nombreux autres dépensent toutes
leurs forces dans l’action apostolique ; mais, à tous, le devoir s’impose de
coopérer à l’extension et au progrès du règne du Christ dans le monde. C’est
pourquoi les laïcs doivent chercher à connaître toujours plus profondément la
vérité révélée, et demander instamment à Dieu le don de sagesse.
36. La participation des laïcs au service royal
Le Christ, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort et pour
cela même ayant été exalté par le Père (cf. Ph 2, 8-9), est entré dans la
gloire de son Royaume ; à lui, tout est soumis, en attendant que lui-même se
soumette à son Père avec toute la création, afin que Dieu soit tout en tous (cf.
1 Co 15, 27-28). Ce pouvoir, il l’a communiqué à ses disciples pour
qu’ils soient eux aussi établis dans la liberté royale, pour qu’ils arrachent au
péché son empire en eux-mêmes par leur abnégation et la sainteté de leur vie
(cf. Rm 6, 12), bien mieux, pour que, servant le Christ également dans
les autres, ils puissent, dans l’humilité et la patience, conduire leurs frères
jusqu’au Roi dont les serviteurs sont eux-mêmes des rois. En effet, le Seigneur
désire étendre son règne également avec le concours des fidèles laïcs ; son
règne qui est règne de vérité et de vie, règne de sainteté et de grâce, règne de
justice, d’amour et de paix [115],
règne où la création elle-même sera affranchie de l’esclavage de la corruption
pour connaître la liberté glorieuse des fils de Dieu (cf. Rm 8, 21).
Grande vraiment est la promesse, grand le commandement donné aux disciples : «
Tout est à vous, mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co
3, 23).
Les fidèles
doivent donc reconnaître la nature profonde de toute la création, sa valeur et
sa finalité qui est la gloire de Dieu ; ils doivent, à travers les travaux même
temporels, s’aider en vue d’une vie plus sainte, afin que le monde s’imprègne de
l’Esprit du Christ et dans la justice, la charité et la paix atteigne plus
efficacement sa fin. Dans l’accomplissement universel de ce devoir, les laïcs
ont la première place. Par leur compétence dans les disciplines profanes et par
leurs activités que la grâce du Christ élève au-dedans, qu’ils s’appliquent de
toutes leurs forces à obtenir que les valeurs de la création soient cultivées
dans l’intérêt absolument de tous les hommes, selon les fins du Créateur et la
lumière de son Verbe, grâce au travail de l’homme, à la technique et à la
culture, à obtenir aussi que ces biens soient mieux distribués entre les hommes
et acheminent selon leur nature à un progrès universel dans la liberté humaine
et chrétienne. Le Christ ainsi, à travers les membres de l’Église, éclairera la
société humaine tout entière, et de plus en plus, de sa lumière qui sauve.
Que les laïcs, en
outre, unissent leurs forces pour apporter aux institutions et aux conditions de
vie dans le monde, quand elles provoquent au péché, les assainissements
convenables, pour qu’elles deviennent toutes conformes aux règles de la justice
et favorisent l’exercice des vertus au lieu d’y faire obstacle. En agissant
ainsi, ils imprégneront de valeur morale la culture et les œuvres humaines. Par
là aussi, le champ du monde se trouve mieux préparé pour accueillir la semence
de la Parole de Dieu, et les portes par lesquelles le message de paix entre dans
le monde s’ouvrent plus largement à l’Église.
Conformément à l’économie elle-même du salut, les fidèles
doivent apprendre à distinguer avec soin entre les droits et les devoirs qui
leur incombent en tant que membres de l’Église et ceux qui leur reviennent comme
membres de la société humaine. Qu’ils s’efforcent d’accorder les uns et les
autres entre eux, harmonieusement, se souvenant que la conscience chrétienne
doit être leur guide en tous domaines temporels, car aucune activité humaine,
fût-elle d’ordre temporel, ne peut être soustraite à l’empire de Dieu. Aux temps
où nous sommes, il est extrêmement nécessaire que, dans la façon d’agir des
fidèles, brillent à la fois clairement et cette distinction et cette harmonie,
pour que la mission de l’Église puisse répondre plus pleinement aux conditions
particulières du monde d’aujourd’hui. De même, en effet, qu’il faut reconnaître
à la cité terrestre, légitimement appliquée aux soucis du siècle, le droit
d’être régie par ses propres principes, de même, c’est à juste titre qu’est
rejetée la doctrine néfaste qui prétend construire la société sans aucune
considération pour la religion et s’attaque à la liberté religieuse des citoyens
pour l’éliminer [116].
37. Relation des laïcs avec la hiérarchie
Les laïcs, comme tous les chrétiens, ont le droit de
recevoir en abondance des pasteurs sacrés les ressources qui viennent des
trésors spirituels de l’Église, en particulier les secours de la Parole de Dieu
et des sacrements [117];
ils ont le droit de s’ouvrir à ces mêmes pasteurs avec toute la liberté et la
confiance qui conviennent à des fils de Dieu et à des frères dans le Christ de
leurs besoins et de leurs vœux. Dans la mesure de leurs connaissances, de leurs
compétences et de leur situation, ils ont la faculté et même parfois le devoir
de manifester leur sentiment en ce qui concerne le bien de l’Église [118].
Cela doit se faire, le cas échéant, par le moyen des institutions que l’Église a
établies pour cela, et toujours dans la sincérité, le courage et la prudence,
avec le respect et la charité qu’on doit à ceux qui, en raison de leurs charges
sacrées, tiennent la place du Christ.
Les laïcs, comme
tous les fidèles, doivent embrasser, dans la promptitude de l’obéissance
chrétienne, ce que les pasteurs sacrés représentant le Christ décident au nom de
leur magistère et de leur autorité dans l’Église ; en cela, c’est l’exemple du
Christ qu’ils suivent, lui qui, en obéissant jusqu’à la mort, a ouvert aux
hommes la voie bienheureuse de la liberté des fils de Dieu. Qu’ils ne manquent
pas de recommander à Dieu, dans la prière, leurs chefs qui veillent sur nos âmes
comme devant en rendre compte, afin qu’ils puissent le faire avec joie et non en
gémissant (cf. He 13, 17).
Les pasteurs, de leur côté, doivent reconnaître et
promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs dans l’Église ; ayant
volontiers recours à la prudence de leurs conseils, leur remettant avec
confiance des charges au service de l’Église, leur laissant la liberté et la
marge d’action, stimulant même leur courage pour entreprendre de leur propre
mouvement. Qu’ils accordent avec un amour paternel attention et considération
dans le Christ aux essais, vœux et désirs proposés par les laïcs [119],
qu’ils respectent et reconnaissent la juste liberté qui appartient à tous dans
la cité terrestre.
De ce commerce
familier entre laïcs et pasteurs il faut attendre pour l’Église toutes sortes de
biens : par là en effet s’affirme chez les laïcs le sens de leurs
responsabilités propres, leur ardeur s’entretient et les forces des laïcs
viennent plus facilement s’associer à l’action des pasteurs. Ceux-ci, avec l’aide
de l’expérience des laïcs, sont mis en état de juger plus distinctement et plus
exactement en matière spirituelle aussi bien que temporelle, et c’est toute l’Église
qui pourra ainsi, renforcée par tous ses membres, remplir pour la vie du monde
plus efficacement sa mission.
38. Conclusion
Chacun des laïcs doit devant le monde être le témoin de la
résurrection et de la vie du Seigneur Jésus et signe du Dieu vivant. Tous
ensemble et chacun pour sa part doivent nourrir le monde des fruits spirituels (cf.
Ga 5, 22) et répandre sur lui cet esprit qui anime les pauvres, les doux,
les pacifiques que le Seigneur dans l’Évangile a proclamés bienheureux (cf.
Mt 5, 3-9). En un mot « ce que l’âme est dans le corps, il faut que les
chrétiens le soient dans le monde [120]
».
CHAPITRE V :
La vocation universelle à la sainteté dans l’Église
39. Introduction
L’Église, dont le saint Concile présente le mystère, est
aux yeux de la foi indéfectiblement sainte. En effet, le Christ, Fils de Dieu,
qui, avec le Père et l’Esprit, est proclamé « le seul Saint [121]
», a aimé l’Église comme son épouse, il s’est livré pour elle afin de la
sanctifier (cf. Ep 5, 25-26), il se l’est unie comme son Corps et l’a
comblée du don de l’Esprit Saint pour la gloire de Dieu. Aussi dans l’Église,
tous, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu’ils soient régis par elle, sont
appelés à la sainteté selon la parole de l’apôtre : « Oui, ce que Dieu veut
c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3 ; cf. Ep 1, 4). Cette
sainteté de l’Église se manifeste en permanence et doit se manifester par les
fruits de grâce que l’Esprit produit dans les fidèles ; sous toutes sortes de
formes, elle s’exprime en chacun de ceux qui tendent à la charité parfaite, dans
leur ligne propre de vie, en édifiant les autres ; elle apparaît d’une manière
particulière dans la pratique des conseils qu’on a coutume d’appeler
évangéliques. Cette pratique des conseils assumée sous l’impulsion de l’Esprit
Saint par un grand nombre de chrétiens, soit à titre privé, soit dans une
condition ou un état sanctionnés par l’Église, apporte dans le monde et doit y
apporter un lumineux témoignage et un exemple de sainteté.
40. L’appel universel à la sainteté
Maître divin et modèle de toute perfection, le Seigneur
Jésus a prêché à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit leur
condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et le
consommateur : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait
» (Mt 5, 48) [122].
Et en effet à tous il a envoyé son Esprit pour les mouvoir de l’intérieur à
aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur intelligence et
de toutes leurs forces (cf. Mc 12, 30), et aussi à s’aimer mutuellement
comme le Christ les a aimés (cf. Jn 13, 34 ; 15, 12). Appelés par Dieu,
non au titre de leurs œuvres mais au titre de son dessein gracieux, justifiés en
Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus par le
baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par la
même, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut
donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. C’est
l’apôtre qui les avertit de vivre « comme il convient à des saints » (Ep
5,3) , de revêtir « comme des élus de Dieu saints et bien-aimés, des sentiments
de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité » (Col
3, 12), portant les fruits de l’Esprit pour leur sanctification (cf. Ga
5, 22 ; Rm 6, 22). Cependant comme nous nous rendons tous fautifs en bien
des points (cf. Jc 3, 2), nous avons constamment besoin de la miséricorde
de Dieu et nous devons tous les jours dire dans notre prière : « Pardonne-nous
nos offenses » (Mt 6, 12) [123].
Il est donc bien évident pour tous que l’appel à la
plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous
ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie [124]
; dans la société terrestre elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir
plus d’humanité dans les conditions d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer
de toutes leurs forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette
perfection, afin que, marchant sur ses traces et se conformant à son image,
accomplissant en tout la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à
la gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple de Dieu
s’épanouira en fruits abondants, comme en témoigne avec éclat à travers la vie
de tant de saints l’histoire de l’Église.
41. Les formes multiples d’exercice de l’unique sainteté
À travers les
formes diverses de vie et les charges différentes, il n’y a qu’une seule
sainteté cultivée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui, obéissant à
la voix du Père et adorant Dieu le Père en esprit et en vérité, marchent à la
suite du Christ pauvre, humble et chargé de sa croix, pour mériter de devenir
participants de sa gloire. Chacun doit inlassablement avancer, selon ses propres
dons et fonctions, par la voie d’une foi vivante, génératrice d’espérance et
ouvrière de charité.
Ceux qui ont reçu la charge de pasteurs à l’égard du
troupeau du Christ doivent tout les premiers, à l’image du grand Prêtre éternel,
Pasteur et Évêque de nos âmes, remplir leur ministère dans la sainteté et
l’ardeur, l’humilité et la force : accompli dans ces conditions, il sera pour
eux-mêmes un moyen puissant de sanctification. Choisis pour recevoir la
plénitude du sacerdoce, ils bénéficient de la grâce sacramentelle pour exercer
en perfection la charge de la charité pastorale [125]
par la prière, le sacrifice, la prédication, et sous toutes ses formes, le soin
et le service épiscopal, acceptant sans crainte de donner leur vie pour leurs
brebis et devenant un modèle pour leur troupeau (cf. 1 P 5, 3), aidant
enfin l’Église par leur exemple à avancer chaque jour en sainteté.
À la ressemblance de l’ordre des évêques dont ils
constituent la couronne spirituelle [126],
et à la grâce de qui ils participent par le Christ, éternel et unique Médiateur,
les prêtres doivent grandir en amour pour Dieu et le prochain par l’exercice
quotidien de leur tâche, garder entre eux le lien de la communion sacerdotale,
être riches de tous les biens spirituels et offrir à tous un vivant témoignage
de Dieu [127],
émules de ces prêtres, qui le long des temps ont laissé, par leur service
souvent humble et obscur, un éclatant exemple de sainteté. L’Église de Dieu
proclame leur louange. Offrant pour leur peuple et pour tout le Peuple de Dieu,
au titre même de leur charge, la prière et le sacrifice, conscients de ce qu’ils
font et se conformant aux mystères qu’ils accomplissent [128],
bien loin d’être entravés par les soucis, les périls et les épreuves
apostoliques, ils doivent par là au contraire s’élever à une plus haute
sainteté, en cherchant dans l’abondance de la contemplation de quoi nourrir et
soutenir leur activité, pour apporter leur encouragement à l’Église entière de
Dieu. Que tous les prêtres et ceux-là spécialement qui, au titre particulier de
leur ordination, portent le nom de prêtres diocésains, se souviennent de ce que
leur sainteté peut gagner à leur union fidèle et à leur généreuse coopération
avec leur évêque.
À la mission et à la grâce du Souverain Prêtre participent
aussi d’une façon spéciale les ministres de l’ordre inférieur ; et d’abord les
diacres qui doivent, en servant le mystère du Christ et de l’Église [129],
se garder purs de tous vices, chercher à plaire à Dieu et à être devant les
hommes les instruments de tout bien possible (cf. 1 Tm 3, 8-10.12-13).
Les clercs, qui, appelés par Dieu et réservés pour être la part de Dieu, se
préparent aux charges du ministère sous la vigilance des pasteurs, ont le devoir
de mettre leur esprit et leur cœur en accord avec une si haute vocation en se
montrant assidus à la prière, fervents en charité, n’ayant d’autre pensée que ce
qui est vrai, juste et honorable, faisant tout pour la gloire et l’honneur de
Dieu. Il faut y ajouter les laïcs choisis par Dieu qui, pour se livrer
pleinement aux travaux de l’apostolat, sont appelés par l’évêque et travaillent
sur le champ du Seigneur, en y faisant beaucoup de fruits [130].
Quant aux époux et aux parents chrétiens, il leur faut, en
suivant leur propre route, s’aider mutuellement dans la fidélité de l’amour avec
l’aide de la grâce, tout le long de leur vie, inculquant aux enfants qu’ils ont
reçus de Dieu, avec amour, les vérités chrétiennes et les vertus de l’Évangile.
Par là, en effet, ils donnent à tous l’exemple d’un amour inlassable et
généreux, ils contribuent à l’édification de la charité fraternelle et apportent
à la fécondité de l’Église notre Mère, leur témoignage et leur coopération, en
signe et participation de l’amour que le Christ a eu pour son Epouse et qui l’a
fait se livrer pour elle [131].
Un exemple semblable est donné par les veuves et les célibataires dont le
concours peut être pour la sainteté et l’activité dans l’Église de grande
valeur. Pour ceux qui se livrent à des travaux souvent pénibles, leur activité
d’homme doit les enrichir personnellement, leur permettre d’aider leurs
concitoyens et de contribuer à élever le niveau de la société tout entière et de
la création, à imiter enfin, par une charité active, le Christ qui a voulu
pratiquer le travail manuel et qui, avec son Père, ne cesse d’agir pour le salut
de tous, cela dans une joyeuse espérance, s’aidant mutuellement à porter leurs
fardeaux, montant par leur travail quotidien à une sainteté toujours plus haute,
même sous la forme apostolique.
Qu’ils se sachent
eux aussi unis tout spécialement au Christ souffrant pour le salut du monde,
ceux sur qui pèsent la pauvreté, l’infirmité, la maladie, les épreuves diverses,
ou qui souffrent persécution pour la justice : le Seigneur dans l’Évangile les a
déclarés bienheureux et « le Dieu de toute grâce qui nous a appelés dans le
Christ à sa gloire éternelle, après une courte épreuve, les rétablira lui-même,
les affermira et les rendra inébranlables » (1 P 5, 10).
Ainsi donc tous
ceux qui croient au Christ iront en se sanctifiant toujours plus dans les
conditions, les charges et les circonstances qui sont celles de leur vie et
grâce à elles, si cependant ils reçoivent avec foi toutes choses de la main du
Père céleste et coopèrent à l’accomplissement de la volonté de Dieu, en faisant
paraître aux yeux de tous, dans leur service temporel lui-même, la charité avec
laquelle Dieu a aimé le monde.
42. Voies et moyens de la sainteté
«Dieu est charité et celui qui demeure dans la charité
demeure en Dieu et Dieu en lui» (cf. 1 Jn 4, 16). Sa charité, Dieu l’a
répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (cf. Rm
5, 5). La charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à
cause de lui est par conséquent le don premier et le plus nécessaire. Mais pour
que la charité, comme un bon grain, croisse dans l’âme et fructifie, chaque
fidèle doit s’ouvrir volontiers à la Parole de Dieu et, avec l’aide de sa grâce,
mettre en œuvre sa volonté, participer fréquemment aux sacrements, surtout à
l’Eucharistie, et aux actions sacrées, s’appliquer avec persévérance à la
prière, à l’abnégation de soi-même, au service actif de ses frères et à
l’exercice de toutes les vertus. La charité en effet, étant le lien de la
perfection et la plénitude de la loi (cf. Col 3, 14 ; Rm 13, 10),
oriente tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à
leur fin [132].
C’est donc la charité envers Dieu et envers le prochain qui marque le véritable
disciple du Christ.
Jésus, le Fils de
Dieu, ayant manifesté sa charité en donnant sa vie pour nous, personne ne peut
aimer davantage qu’en donnant sa vie pour lui et pour ses frères (cf. 1 Jn
3, 16 ; Jn 15, 13). À ce témoignage suprême d’amour rendu devant tous
et surtout devant les persécuteurs, depuis la première heure, quelques-uns parmi
les chrétiens ont été appelés et d’autres y seront appelés sans cesse. C’est
pourquoi le martyre dans lequel le disciple est assimilé à son maître, acceptant
librement la mort pour le salut du monde, et rendu semblable à lui dans l’effusion
de son sang, est considéré par l’Église comme une grâce éminente et la preuve
suprême de la charité. Que si cela n’est donné qu’à un petit nombre, tous
cependant doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le
suivre sur le chemin de la croix, à travers les persécutions qui ne manquent
jamais à l’Église.
La sainteté de l’Église est entretenue spécialement par
les conseils, sous des formes multiples, que le Seigneur, dans l’Évangile, a
proposés à l’observation de ses disciples [133].
Parmi ces conseils, en première place, il y a ce don précieux de grâce fait par
le Père à certains (cf. Mt 19, 11 ; 1 Co 7, 7) de se vouer à Dieu
seul plus facilement sans partage du cœur, dans la virginité ou le célibat (cf.
1 Co 7, 32-34) [134].
Cette continence parfaite à cause du règne de Dieu a toujours été l’objet de la
part de l’Église d’un honneur spécial, comme signe et stimulant de la charité et
comme une source particulière de fécondité spirituelle dans le monde.
L’Église se remémore l’avertissement de l’apôtre qui
provoque les fidèles à la charité et les exhorte à éprouver en eux cela même qui
fut dans le Christ, lequel « s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave
[...] se faisant obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2, 7-8), et se faisant
pour nous « pauvre, de riche qu’il était » (2 Co 8, 9). L’imitation et le
témoignage de cette charité et humilité du Christ s’imposent en vérité aux
disciples en permanence ; c’est pourquoi l’Église notre Mère se réjouit de ce qu’il
se trouve dans son sein, en grand nombre, des hommes et des femmes pour vouloir
suivre de plus près et manifester plus clairement l’anéantissement du Sauveur,
en assumant, dans la liberté des fils de Dieu, la pauvreté et en renonçant à
leur propre volonté, pour se soumettre à cause de Dieu à une créature humaine,
en matière de perfection, allant aussi au-delà de ce qu’exige le précepte, afin
de se conformer plus pleinement au Christ obéissant [135].
CHAPITRE VI :
Les religieux
43. La profession des conseils évangéliques dans un état
de vie reconnu dans l’Église
Les conseils évangéliques de chasteté vouée à Dieu, de
pauvreté et d’obéissance, étant fondés sur les paroles et les exemples du
Seigneur, ayant la recommandation des Apôtres, des Pères, des docteurs et
pasteurs de l’Église, constituent un don divin que l’Église a reçu de son
Seigneur et que, par sa grâce, elle conserve toujours. L’autorité de l’Église,
sous la conduite de l’Esprit Saint, a veillé elle-même à en fixer la doctrine et
en régler la pratique, en instituant même des formes de vie stables sur la base
de ces conseils. Comme un arbre qui se ramifie de façon admirable et multiple
dans le champ du Seigneur, à partir d’un germe semé par Dieu, naquirent et se
développèrent ainsi des formes variées de vie solitaire ou commune, des familles
diverses dont le capital spirituel profite à la fois aux membres de ces familles
et au bien de tout le Corps du Christ [136].
Ces familles assurent à leurs membres les secours d’une plus grande stabilité
dans leur forme de vie, d’une doctrine éprouvée pour tendre à la perfection,
d’une communion fraternelle dans le combat pour le Christ, d’une liberté
fortifiée par l’obéissance afin de pouvoir remplir avec sécurité et garder
fidèlement les exigences de leur profession religieuse en avançant dans la joie
spirituelle sur la route de la charité [137].
Cet état de vie, compte tenu de la constitution divine et
hiérarchique de l’Église, ne se situe pas entre la condition du clerc et celle
du laïc. Dieu y appelle des fidèles du Christ de l’une et de l’autre condition
pour jouir dans la vie de l’Église de ce don spécial et servir à la mission
salutaire de l’Église, chacun à sa manière [138].
44. Nature et importance de l’état religieux dans l’Église
Par les vœux (ou d’autres engagements sacrés assimilés aux
vœux par leur nature même), le fidèle du Christ s’oblige à la pratique des trois
conseils évangéliques susdits ; il est livré entièrement à Dieu, qu’il aime
par-dessus tout, et ainsi il est ordonné au service du Seigneur et à son honneur
à un titre nouveau et particulier. Le baptême déjà l’avait fait mourir au péché
et consacré à Dieu, mais pour pouvoir recueillir en plus grande abondance le
fruit de la grâce baptismale, il veut, par la profession faite dans l’Église des
conseils évangélique, se libérer des surcharges qui pourraient le retenir dans
sa recherche d’une charité fervente et d’un culte parfait à rendre à Dieu, et se
consacrer plus intimement au service divin [139].
Cette consécration sera d’autant plus parfaite que des liens plus fermes et plus
stables reproduiront davantage l’image du Christ uni à l’Église son Epouse par
un lien indissoluble.
Mais comme les conseils évangéliques, grâce à la charité à
laquelle ils conduisent [140],
unissent de manière spéciale ceux qui les pratiquent à l’Église et à son
mystère, leur vie spirituelle doit se vouer également au bien de toute l’Église.
D’où le devoir de travailler, chacun selon ses forces et selon la forme de sa
propre vocation, soit par la prière, soit aussi par son activité effective, pour
le règne du Christ à enraciner et à renforcer dans les âmes, à répandre par tout
l’univers. C’est pourquoi l’Église protège et soutient le caractère propre des
divers instituts religieux.
La profession des
conseils évangéliques apparaît en conséquence comme un signe qui peut et doit
exercer une influence efficace sur tous les membres de l’Église dans
l’accomplissement courageux des devoirs de leur vocation chrétienne. En effet,
le Peuple de Dieu n’a pas ici-bas de cité permanente, il est en quête de la cité
future, or l’état religieux, qui assure aux siens une liberté plus grande à
l’égard des charges terrestres, manifeste aussi davantage aux yeux de tous les
croyants les biens célestes déjà présents en ce temps, il atteste l’existence
d’une vie nouvelle et éternelle acquise par la Rédemption du Christ, il annonce
enfin la résurrection à venir et la gloire du Royaume des cieux. De plus, il
s’efforce d’imiter de plus près et il représente continuellement dans l’Église
cette forme de vie que le Fils de Dieu a prise en venant au monde pour faire la
volonté du Père et qu’il a proposée aux disciples qui le suivaient. Il fait voir
enfin d’une manière particulière comment le règne de Dieu est élevé au-dessus de
toutes les choses terrestres et combien ses nécessités sont suprêmes ; il montre
à tous les hommes la suréminente grandeur de la puissance du Christ régnant et
la puissance de l’Esprit Saint en action dans l’Église de façon admirable.
L’état de vie
constitué par la profession des conseils évangéliques, s’il ne concerne pas la
structure hiérarchique de l’Église, appartient donc cependant sans conteste à sa
vie et à sa sainteté.
45. L’autorité de l’Église à l’égard des religieux
La fonction de la hiérarchie dans l’Église étant celle du
pasteur qui conduit le Peuple de Dieu aux riches pâturages (cf. Ez 34,
14), c’est à elle qu’il revient d’instituer des lois qui régleront sagement la
pratique des conseils évangéliques, instrument singulier au service de la
charité parfaite envers Dieu et envers le prochain [141].
Suivant avec docilité les impulsions de l’Esprit Saint, elle accueille les
règles proposées par des hommes ou des femmes de premier ordre et, après les
avoir encore plus parfaitement ordonnés, elle leur donne une approbation
authentique ; enfin, avec autorité elle est là pour veiller et étendre sa
protection sur les instituts créés un peu partout en vue de l’édification du
Corps du Christ afin que, dans la fidélité à l’esprit de leurs fondateurs, ils
croissent et fleurissent.
Par ailleurs, pour qu’il soit mieux pourvu aux nécessités
du troupeau du Seigneur dans son ensemble, le Souverain Pontife peut, en raison
du primat qui est le sien sur l’Église universelle, et en considération de
l’intérêt commun, soustraire tout institut de perfection et chacun de ses sujets
à la juridiction de l’Ordinaire du lieu et se le subordonner à soi seul [142].
De même peuvent-ils être laissés ou confiés à la charge de leur propre autorité
patriarcale. Quant aux membres des instituts, ils doivent, dans
l’accomplissement de leurs devoirs envers l’Église selon leur forme particulière
de vie, observer à l’égard des évêques, selon les lois canoniques, la révérence
et l’obéissance qui leur sont dues à cause de leur autorité pastorale sur les
Églises particulières et à cause, dans le travail apostolique, de la nécessité
de l’unité et de la concorde [143].
L’Église n’apporte
pas seulement à la profession religieuse la sanction qui lui donne la dignité
d’un état canonique de vie ; par son action liturgique elle-même, elle la
présente comme un état de consécration à Dieu. Elle reçoit elle-même, au nom de
l’autorité que Dieu lui a confiée, les vœux des profès ; elle demande à Dieu
pour eux dans la prière publique les secours et la grâce, elle les recommande à
Dieu et leur accorde une bénédiction spirituelle en associant leur offrande au
sacrifice eucharistique.
46. Grandeur de la profession des conseils évangéliques
Les religieux doivent tendre de tout leur effort à ce que,
par eux, chaque jour de mieux en mieux, l’Église manifeste le Christ aux fidèles
comme aux infidèles : soit dans sa contemplation sur la montagne, soit dans son
annonce aux foules du Royaume de Dieu, soit encore quand il guérit les malades
et les infirmes et convertit les pécheurs à une vie féconde, quand il bénit les
enfants et répand sur tout ses bienfaits, accomplissant en tout cela, dans l’obéissance,
la volonté du Père qui l’envoya [144]
. Que tous enfin soient persuadés que la profession des conseils évangéliques,
tout en comportant renonciation à des biens qui méritent indiscutablement
l’estime, ne fait cependant nullement obstacle au progrès de la personne humaine,
mais au contraire, de par sa nature, lui est du plus grand profit. En effet, les
conseils, volontairement acceptés selon la vocation personnelle de chacun,
contribuent considérablement à la purification du cœur et à la liberté
spirituelle ; ils stimulent en permanence la ferveur de la charité et surtout
sont capables d’assurer aux chrétiens une conformité plus grande avec la
condition de virginité et de pauvreté que le Christ Seigneur a voulue pour
lui-même et qu’a embrassée la Vierge sa Mère, ainsi que le prouve l’exemple de
tant de saints fondateurs. Nul ne doit penser que les religieux par leur
consécration deviennent étrangers aux hommes ou inutiles dans la cité terrestre.
Car s’ils ne sont pas toujours directement présents aux côtés de leurs
contemporains, ils leur sont présents plus profondément dans le cœur du Christ,
coopérant spirituellement avec eux, pour que la construction de la cité
terrestre ait toujours son fondement dans le Seigneur et soit orientée vers lui,
afin que ceux qui bâtissent ne risquent pas de peiner en vain [145].
C’est pourquoi enfin le saint Concile approuve et loue ces hommes et ces femmes,
ces frères et ces sœurs qui, dans les monastères, dans les écoles et les
hôpitaux, dans les missions, apportent à l’Epouse du Christ la parure d’une
constante et humble fidélité à leur consécration, et à tous les hommes leurs
services aussi généreux que divers.
47. Conclusion
Quant à tous ceux
qui sont appelés à la profession des conseils, il leur appartient de veiller
avec soin à persévérer dans la vocation, quelle qu’elle soit, à laquelle ils ont
été appelés, à y progresser sans cesse pour une plus grande sainteté de l’Église,
pour la plus grande gloire de l’unique et indivisible Trinité qui, dans le
Christ et par le Christ, est de toute sainteté la source et l’origine.
CHAPITRE VII :
Le caractère eschatologique de l’Église
en pèlerinage et son union avec l’Église du ciel
48. Caractère eschatologique de la vocation chrétienne
L’Église, à
laquelle dans le Christ Jésus nous sommes tous appelés et dans laquelle par la
grâce de Dieu nous acquérons la sainteté, n’aura que dans la gloire céleste sa
consommation, lorsque viendra le temps où sont renouvelées toutes choses (Ac
3, 1) et que, avec le genre humain, tout l’univers lui-même, intimement uni avec
l’homme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa définitive
perfection (cf. Ep 1, 10 ; Col 1, 20 ; 2 P 3, 10-13).
Le Christ élevé de
terre a tiré à lui tous les hommes (cf. Jn 12, 32 grec) ;
ressuscité des morts (cf. Rm 6, 9), il a envoyé sur ses Apôtres son
Esprit de vie et par lui a constitué son Corps, qui est l’Église, comme le
sacrement universel du salut ; assis à la droite du Père, il exerce
continuellement son action dans le monde pour conduire les hommes vers l’Église,
se les unir par elle plus étroitement et leur faire part de sa vie glorieuse en
leur donnant pour nourriture son propre Corps et son Sang. La nouvelle condition
promise et espérée a déjà reçu dans le Christ son premier commencement ; l’envoi
du Saint-Esprit lui a donné son élan et par lui elle se continue dans l’Église
où la foi nous instruit sur la signification même de notre vie temporelle, dès
lors que nous menons à bonne fin, avec l’espérance des biens futurs, la tâche
qui nous a été confiée par le Père et que nous faisons ainsi notre salut (cf.
Ph 2, 12).
Ainsi donc déjà
les derniers temps sont arrivés pour nous (cf. 1 Co 10, 11) . Le
renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en réalité, anticipé dès
maintenant : en effet, déjà sur terre l’Église est parée d’une sainteté encore
imparfaite mais déjà véritable. Cependant, jusqu’à l’heure où seront réalisés
les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite (cf. 2 P 3,
13), l’Église en pèlerinage porte dans ses sacrements et ses institutions, qui
relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe ; elle a sa place parmi les
créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de l’enfantement,
attendant la manifestation des fils de Dieu (cf. Rm 8, 19- 22).
Ainsi donc, unis
au Christ dans l’Église et marqués de l’Esprit Saint, « gages de notre héritage»
(Ep 1, 14), en toute vérité nous sommes appelés enfants de Dieu, et nous
le sommes (cf. 1 Jn 3, 1) ; mais l’heure n’est pas encore venue où nous
paraîtrons avec le Christ dans la gloire (cf. Col 3, 4), devenus
semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu’il est (cf. 1 Jn 3,
2). « Tant que nous demeurons dans ce corps, nous sommes en exil loin du
Seigneur » (2 Co 5, 6), possédant les prémices de l’Esprit, nous
gémissons intérieurement (cf. Rm 8, 23) et nous aspirons à être avec le
Christ (cf. Ph 1, 23). La même charité nous presse du désir de vivre
davantage pour lui, qui est mort pour nous et ressuscité (cf. 2 Co 5,
15). Nous avons donc à cœur de plaire au Seigneur en toutes choses (cf. 2 Co
5, 9) et nous endossons l’armure de Dieu afin de pouvoir tenir contre les
embûches du démon et lui résister au jour mauvais (cf. Ep 6, 11-13).
Ignorants du jour et de l’heure, il faut que, suivant l’avertissement du
Seigneur, nous restions constamment vigilants pour pouvoir, quand s’achèvera le
cours unique de notre vie terrestre (cf. He 9, 27), être admis avec lui
aux noces et comptés parmi les bénis de Dieu (cf. Mt 25, 31-46), au lieu
d’être, comme les mauvais et les paresseux serviteurs (cf. Mt 25, 26)
écartés par l’ordre de Dieu vers le feu éternel (cf. Mt 25, 41), vers ces
ténèbres du dehors où « seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt
22, 13 ; 25, 30). En effet, avant de régner avec le Christ glorieux, tous nous
devrons être mis un jour « devant le tribunal du Christ, pour que chacun reçoive
le salaire de ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en
bien, soit en mal » (2 Co 5, 10) ; et à la fin du monde « les hommes
sortiront du tombeau, ceux qui auront fait le bien pour une résurrection de vie,
ceux qui auront fait le mal pour une résurrection de condamnation « (Jn
5, 29 ; cf. Mt 25, 46). « C’est pourquoi, estimant qu’il n’y a pas de
proportion entre les peines du présent et la gloire qui doit se manifester en
nous » (Rm 8, 18 ; cf. 2 Tm 2, 11-12), « nous attendons, solides
dans la foi, la bienheureuse espérance et la manifestation glorieuse de notre
grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus» (Tt 2, 13) « qui transformera
notre corps de misère en un corps semblable à son corps de gloire » (Ph
3, 21), et qui viendra « pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous
ceux qui auront cru » (2 Th 1, 10).
49. La communion entre l’Église céleste et l’Église sur terre
Ainsi donc, en attendant que le Seigneur soit venu dans sa
majesté, accompagné de tous les anges (cf. Mt 25, 31) et que, la mort
détruite, tout lui ait été soumis (cf. 1 Co 15, 26-27), les uns parmi ses
disciples continuent sur terre leur pèlerinage ; d’autres, ayant achevé leur
vie, se purifient encore ; d’autres enfin sont dans la gloire, contemplant «
dans la pleine lumière, tel qu’il est, le Dieu un en trois Personnes [146]
». Tous cependant, à des degrés et sous des formes diverses, nous communions
dans la même charité envers Dieu et envers le prochain, chantant à notre Dieu le
même hymne de gloire. En effet, tous ceux qui sont du Christ et possèdent son
Esprit, constituent une seule Église et se tiennent mutuellement comme un tout
dans le Christ (cf. Ep 4, 16). Donc, l’union de ceux qui sont encore en
chemin, avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ, ne
connaît pas la moindre intermittence ; au contraire, selon la foi constante de
l’Église, cette union est renforcée par l’échange des biens spirituels [147].
Étant en effet liés plus intimement avec le Christ, les habitants du ciel
contribuent à affermir plus solidement l’Église en sainteté, ils ajoutent à la
grandeur du culte que l’Église rend à Dieu sur la terre et de multiples façons
l’aident à se construire plus largement (cf. 1 Co 12, 12-27) [148].
Admis dans la patrie et présents au Seigneur (cf. 2 Co 5, 8), par lui,
avec lui et en lui, ils ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père [149],
offrant les mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique Médiateur de Dieu
et des hommes, le Christ Jésus (cf. 1 Tm 2, 5), servant le Seigneur en
toutes choses et complétant en leur chair ce qui manque aux souffrances du
Christ en faveur de son Corps qui est l’Église (cf. Col 1, 24). Ainsi
leur sollicitude fraternelle est pour notre infirmité du plus grand secours [150].
50. Les rapports de l’Église de la terre avec l’Église du ciel
Reconnaissant dès l’abord cette communion qui existe à
l’intérieur du Corps mystique de Jésus Christ, l’Église, en ses membres qui
cheminent sur la terre dès les premiers temps du christianisme, a entouré de
beaucoup de piété la mémoire des défunts [151]
en offrant aussi pour eux ses suffrages, car « la pensée de prier pour les
morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et
pieuse » (2 M 12, 45). Quant aux Apôtres et aux martyrs du Christ, qui
donnèrent le témoignage suprême de la foi et de la charité dans l’effusion de
leur sang, l’Église a toujours cru qu’ils se trouvaient dans le Christ plus
étroitement unis avec nous ; en même temps que la bienheureuse Vierge Marie et
les saints anges, elle les a entourés d’une particulière ferveur [152],
sollicitant pieusement le secours de leur intercession. À ceux-là s’en
ajoutèrent bientôt d’autres, ceux qui avaient choisi d’imiter de plus près la
virginité et la pauvreté du Christ [153],
d’autres enfin que l’exercice plus éclatant des vertus chrétiennes [154]
et les grâces insignes de Dieu recommandaient à la pieuse dévotion et à
l’imitation des fidèles [155].
En effet, de contempler la vie des hommes qui ont suivi
fidèlement le Christ, est un nouveau stimulant à rechercher la Cité à venir (cf.
He 13, 14 ; 11, 10), et en même temps nous apprenons par là à connaître
le chemin par lequel, à propos des vicissitudes du monde, selon l’état et la
condition propres à chacun, il nous sera possible de parvenir à l’union parfaite
avec le Christ, c’est-à-dire à la sainteté [156].
Dans la vie de nos compagnons d’humanité plus parfaitement transformés à l’image
du Christ (cf. 2 Co 3, 18), Dieu manifeste aux hommes dans une vive
lumière sa présence et son visage. En eux, Dieu lui-même nous parle, il nous
donne un signe de son Royaume [157]
et nous y attire puissamment, tant est grande la nuée de témoins qui nous
enveloppe (cf. He 12, 1) et tant la vérité de l’Évangile se trouve
attestée.
Mais nous ne vénérons pas seulement au titre de leur
exemple la mémoire des habitants du ciel ; nous cherchons bien davantage par là
à renforcer (grâce à l’exercice de la charité fraternelle) l’union de toute
l’Église dans l’Esprit (cf. Ep 4, 1-6). Car tout comme la communion entre
les chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la
communauté avec les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur
source et de leur tête, toutes grâces et la vie du Peuple de Dieu lui-même [158].
Il est donc au plus haut point convenable que nous aimions ces amis et
cohéritiers de Jésus Christ, nos frères aussi et nos insignes bienfaiteurs, que
nous rendions à Dieu pour eux les grâces qui leur sont dues [159],
« les invoquant avec ardeur, recourant à leurs prières, à leur secours et à leur
aide pour obtenir de Dieu par son Fils Jésus Christ, notre Seigneur, notre seul
Rédempteur et Sauveur, les bienfaits que nous désirons [160]
». Car tout témoignage authentique d’amour présenté par nous aux habitants du
ciel, par sa nature même, tend, comme vers son terme au Christ « couronne de
tous les saints [161]
» et par lui à Dieu qui est admirable en ses saints et glorifié en eux [162].
C’est surtout dans la sainte liturgie que se réalise de la
façon la plus haute notre union avec l’Église du ciel : là en effet, par les
signes sacramentels s’exerce sur nous la vertu de l’Esprit Saint ; là nous
proclamons, dans une joie commune, la louange de la divine Majesté [163]
; tous, rachetés dans le sang du Christ, de toute tribu, langue, peuple ou
nation (cf. Ap 5, 9) et rassemblés en l’unique Église, nous glorifions,
dans un chant unanime de louange, le Dieu un en trois Personnes. La célébration
du sacrifice eucharistique est le moyen suprême de notre union au culte de
l’Église du ciel, tandis que, « unis dans une même communion, nous vénérons
d’abord la mémoire de la glorieuse Marie toujours vierge, de saint Joseph, des
bienheureux Apôtres et martyrs, et de tous les saints [164]
».
51. Directives pastorales
Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie
qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie
de purification après leur mort, le saint Concile la recueille avec piété ; il
propose à nouveau les décrets des saints Conciles : le deuxième de Nicée [165],
celui de Florence [166],
celui de Trente [167].
En même temps, dans sa sollicitude pastorale, il exhorte tous les responsables,
au cas où des abus, des excès ou des manques auraient pu ici où là s’introduire,
à y porter avec zèle remède, en écartant ou corrigeant le mal, et en restaurant
toutes choses de façon que le Christ et Dieu soient plus parfaitement loués. Qu’ils
enseignent aux fidèles que le culte authentique des saints ne consiste pas tant
à multiplier les actes extérieurs, mais plutôt à pratiquer un amour fervent et
effectif, cherchant, pour notre plus grand bien et celui de l’Église, « à
fréquenter les saints pour les imiter, à nous unir à eux pour avoir part à leur
sort, à obtenir le secours de leur intercession [168]
». Par ailleurs, qu’on montre bien aux fidèles que la fréquentation des
habitants du ciel, si elle est conçue selon la pleine lumière de la foi, bien
loin de diminuer le culte d’adoration rendu à Dieu le Père par le Christ dans
l’Esprit, l’enrichit au contraire plus généreusement [169].
En effet lorsque la charité mutuelle et la louange unanime
de la Très Sainte Trinité nous font communier les uns aux autres, nous tous,
fils de Dieu qui ne faisons dans le Christ qu’une seule famille (cf. He
3, 6), nous répondons à la vocation profonde de l’Église, et nous prenons par
avance une part déjà savoureuse à la liturgie de la gloire parfaite [170].
À l’heure où le Christ apparaîtra, quand se réalisera la glorieuse résurrection
des morts, la clarté de Dieu illuminera la Cité céleste et l’Agneau sera son
flambeau (cf. Ap 21, 24). Alors l’Église des saints tout entière, dans la
joie suprême de la charité, adorera Dieu et « l’Agneau qui a été égorgé » (Ap
5, 12), proclamant d’une seule voix : « À celui qui siège sur le trône et à l’Agneau,
louange, honneur, gloire et domination dans les siècles des siècles » (Ap
5, 13-14).
CHAPITRE VIII :
La bienheureuse Vierge Marie,
mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église
I. Introduction
52. La Sainte Vierge dans le mystère du Christ
Ayant résolu, dans sa très grande bonté et sagesse, d’opérer
la rédemption du monde, Dieu « quand vint la plénitude du temps, envoya son Fils
né d’une femme... pour faire de nous des fils adoptifs » (Ga 4, 4-5).
C’est ainsi que son Fils, « à cause de nous les hommes et pour notre salut,
descendit du ciel et prit chair de la Vierge Marie par l’action du Saint-Esprit
[171]
». Ce divin mystère de salut se révèle pour nous et se continue dans l’Église,
que le Seigneur a établie comme son Corps et dans laquelle les croyants,
attachés au Christ chef et unis dans une même communion avec tous ses saints, se
doivent de vénérer, « en tout premier lieu la mémoire de la glorieuse Marie,
toujours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ [172].
53. La Sainte Vierge et l’Église
La Vierge Marie en effet, qui, lors de l’Annonciation
angélique, reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son cœur et dans son corps, et
présenta au monde la Vie, est reconnue et honorée comme la véritable Mère de
Dieu et du Rédempteur. Rachetée de façon éminente en considération des mérites
de son Fils, unie à lui par un lien étroit et indissoluble, elle reçoit cette
immense charge et dignité d’être la Mère du Fils de Dieu, et, par conséquent, la
fille de prédilection du Père et le sanctuaire du Saint-Esprit, don exceptionnel
de grâce qui la met bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et
sur la terre. Mais elle se trouve aussi réunie, comme descendante d’Adam, à
l’ensemble de l’humanité qui a besoin de salut ; bien mieux, elle est vraiment «
Mère des membres [du Christ]... ayant coopéré par sa charité à la naissance dans
l’Église des fidèles qui sont les membres de ce Chef [173]
». C’est pourquoi encore elle est saluée comme un membre suréminent et
absolument unique de l’Église, modèle et exemplaire admirables pour celle-ci
dans la foi et dans la charité, objet de la part de l’Église catholique,
instruite par l’Esprit Saint, d’un sentiment filial de piété, comme il convient
pour une mère très aimante.
54. L’intention du Concile
Aussi, présentant la doctrine de l’Église en laquelle le
divin Rédempteur opère notre salut, le saint Concile se propose de mettre avec
soin en lumière, d’une part le rôle de la bienheureuse Vierge dans le mystère du
Verbe incarné et du Corps mystique, et d’autre part les devoirs des hommes
rachetés envers la Mère de Dieu, Mère du Christ et Mère des hommes, des croyants
en premier lieu ; le Concile toutefois n’a pas l’intention de faire au sujet de
Marie un exposé doctrinal complet, ni de trancher les questions que le travail
des théologiens n’a pu encore amener à une lumière totale. Par conséquent, les
opinions demeurent légitimes qui sont librement proposées dans les écoles
catholiques au sujet de celle qui occupe dans la Sainte Église la place la plus
élevée au-dessous du Christ, et nous est toute proche [174].
II. Rôle de la
Sainte Vierge dans l’économie du salut
55. La Mère du Messie dans l’Ancien Testament
Les Saintes
Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament et la Tradition vénérable mettent
dans une lumière de plus en plus grande le rôle de la Mère du sauveur dans
l’économie du salut et le proposent pour ainsi dire à notre contemplation. Les
livres de l’Ancien Testament, en effet, décrivent l’histoire du salut et la
lente préparation de la venue du Christ au monde. Ces documents primitifs, tels
qu’ils sont lus dans l’Église et compris à la lumière de la révélation
postérieure et complète, font apparaître progressivement dans une plus parfaite
clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur. Dans cette clarté, celle-ci se
trouve prophétiquement esquissée dans la promesse (faite à nos premiers parents
après la chute) d’une victoire sur le serpent (cf. Gn 3, 15). De même,
c’est elle, la Vierge, qui concevra et enfantera un fils auquel sera donné le
nom d’Emmanuel (cf. Is 7, 14 ; cf. Mi 5, 2-3 ; Mt 1,
22-23). Elle occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du
Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance. Enfin, avec
elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse,
s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle, lorsque le Fils de
Dieu, par elle, prit la nature humaine pour libérer l’homme du péché par les
mystères de sa chair.
56. Marie à l’Annonciation
Mais il plut au Père des miséricordes que l’Incarnation
fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte
que, une femme ayant contribué à l’œuvre de mort, de même une femme contribuât
aussi à la vie. Ce qui est vrai à un titre exceptionnel de la Mère de Jésus qui
donna au monde la vie destinée à tout renouveler, et fut pourvue par Dieu de
dons à la mesure d’une si grande tâche. Rien d’étonnant, par conséquent, à ce
que l’usage se soit établi chez les saints Pères, d’appeler la Mère de Dieu la
Toute Sainte, indemne de toute tache de péché, ayant été comme pétrie par
l’Esprit Saint, et formée comme une nouvelle créature [175].
Enrichie dès le premier instant de sa conception d’une sainteté éclatante
absolument unique, la Vierge de Nazareth est saluée par l’ange de
l’Annonciation, qui parle au nom de Dieu, comme « pleine de grâce» (cf. Lc
1, 28). Messager céleste auquel elle fait cette réponse : « Voici la servante du
Seigneur, qu’il en soit de moi selon ta parole » (Lc 1, 38). Ainsi Marie,
fille d’Adam, donnant à la Parole de Dieu son consentement, devint Mère de Jésus
et, épousant à plein cœur, sans que nul péché ne la retienne, la volonté divine
de salut, se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la
personne et à l’œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui,
par la grâce du Dieu tout-puissant, au mystère de la Rédemption. C’est donc à
juste titre que les saints Pères considèrent Marie non pas simplement comme un
instrument passif aux mains de Dieu, mais comme apportant au salut des hommes la
coopération de sa libre foi et de son obéissance. En effet, comme dit saint
Irénée, « par son obéissance elle est devenue, pour elle-même et pour tout le
genre humain, cause du salut [176]
». Aussi avec lui, un bon nombre d’anciens Pères disent volontiers dans leurs
prédications : « Le nœud dû à la désobéissance d’Ève s’est dénoué par
l’obéissance de Marie ; ce qu’Ève la vierge avait noué par son incrédulité, la
Vierge Marie l’a dénoué par sa foi [177]
» ; comparant Marie avec Ève, ils appellent Marie « la Mère des vivants [178]
» et déclarent souvent : « Par Ève la mort, par Marie la vie [179].»
57. La Sainte Vierge et l’enfance de Jésus
Cette union de la Mère avec son Fils dans l’œuvre du salut
est manifeste dès l’heure de la conception virginale du Christ jusqu’à sa mort ;
et d’abord quand Marie, partant en hâte pour visiter Élisabeth, est saluée par
elle du nom de bienheureuse pour avoir cru au salut promis, tandis que le
Précurseur tressaillait au sein de sa mère (cf. Lc 1, 41-45) ; lors de la
Nativité ensuite, quand la Mère de Dieu présenta dans la joie aux pasteurs et
aux mages son Fils premier-né, dont la naissance était non la perte mais la
consécration de son intégrité virginale [180].
Puis lorsque, dans le Temple, après avoir fait l’offrande des pauvres, elle
présenta son Fils au Seigneur, elle entendit Siméon prophétiser en même temps
que le Fils serait un signe de contradiction, et que l’âme de la mère serait
transpercée d’un glaive : ainsi se révéleraient les pensées intimes d’un grand
nombre (cf. Lc 2, 34-35). Ayant perdu l’Enfant Jésus et l’ayant cherché
avec angoisse, ses parents le trouvèrent au Temple occupé dans la maison de son
Père, et la parole du Fils ne fut pas comprise par eux. Sa mère cependant
gardait tout cela dans son cœur et le méditait (cf. Lc 2, 41-51).
58. La Sainte Vierge et le ministère public de Jésus
Pendant la vie publique de Jésus, sa mère apparaît
expressément, et dès le début, quand aux noces de Cana en Galilée, touchée de
pitié, elle provoque par son intercession le premier signe de Jésus le Messie
(cf. Jn 2, 1-11) . Au cours de la prédication de Jésus, elle accueillit
les paroles par lesquelles le Fils, mettant le Royaume au-delà des
considérations et des liens de la chair et du sang, proclamait bienheureux ceux
qui écoutent et observent la Parole de Dieu (cf. Mc 3, 35 par. et Lc
11, 27-28), comme elle le faisait fidèlement elle-même (cf. Lc 2, 19.51).
Ainsi la bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant
fidèlement l’union avec son Fils jusqu’à la croix où, non sans un dessein divin,
elle était debout (cf. Jn 19, 25), souffrant cruellement avec son Fils
unique, associée d’un cœur maternel à son sacrifice, donnant à l’immolation de
la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour être enfin, par
le même Christ Jésus mourant sur la croix, donnée comme sa Mère au disciple par
ces mots : « Femme, voici ton Fils [181]
» (cf. Jn 19, 26-27).
59. La Sainte Vierge après l’Ascension
Mais Dieu ayant voulu que le mystère du salut des hommes
ne se manifestât ouvertement qu’à l’heure où il répandrait l’Esprit promis par
le Christ, on voit les Apôtres, avant le jour de Pentecôte, « persévérant d’un
même cœur dans la prière avec quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus, et avec
ses frères » (Ac 1, 14) ; et l’on voit Marie appelant elle aussi de ses
prières le don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise
sous son ombre. Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute souillure
de la faute originelle [182],
ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire
du ciel [183],
et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus
entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs (cf. Ap 19, 16),
victorieux du péché et de la mort [184].
III. La Vierge et l’Église
60. Marie, servante du Seigneur
Unique est notre
Médiateur selon les paroles de l’Apôtre : « Car, il n’y a qu’un Dieu, il n’y a
aussi qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même,
qui s’est donné en rançon pour tous » (1 Tm 2, 5-6). Mais le rôle
maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne diminue en rien cette
unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu.
Car toute
influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge sur les hommes a sa
source dans une disposition purement gratuite de Dieu : elle ne naît pas d’une
nécessité objective, mais découle de la surabondance des mérites du Christ ;
elle s’appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute
sa vertu ; l’union immédiate des croyants avec le Christ ne s’en trouve en
aucune manière empêchée, mais au contraire favorisée.
61. Marie, l’associée du Seigneur
La bienheureuse
Vierge, prédestinée de toute éternité, à l’intérieur du dessein d’incarnation du
Verbe, pour être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en vertu d’une disposition
de la Providence divine, l’aimable Mère du divin Rédempteur, généreusement
associée à son œuvre à un titre absolument unique, humble servante du Seigneur.
En concevant le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le
présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourait sur
la croix, elle apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans
pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour
que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue
pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère.
62. Marie, Mère de la grâce
À partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au
jour de l’Annonciation et qu’elle maintint sous la croix dans sa fermeté, cette
maternité de Marie dans l’économie de la grâce se continue sans interruption
jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après
l’Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son
intercession multiple, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre
salut éternel [185].
Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage
n’est pas achevé, et qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves,
jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse. C’est pourquoi la
bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate,
auxiliatrice, secourable, médiatrice [186],
tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition
n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le
Christ [187]
.
Aucune créature en
effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et
rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous des formes
diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout comme
l’unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les
créatures, ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au
contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de
l’unique source.
Ce rôle subordonné
de Marie, l’Église le professe sans hésitation ; elle ne cesse d’en faire
l’expérience ; elle le recommande au cœur des fidèles pour que cet appui et ce
secours maternels les aident à s’attacher plus intimement au Médiateur et
Sauveur.
63. Marie, modèle de l’Église
La bienheureuse Vierge, de par le don et la charge de sa
maternité divine qui l’unissent à son fils, le Rédempteur, et de par les grâces
et les fonctions singulières qui sont siennes, se trouve également en intime
union avec l’Église : de l’Église, comme l’ enseignait déjà saint Ambroise, la
Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la
parfaite union au Christ [188].
En effet, dans le mystère de l’Église, qui reçoit elle aussi à juste titre le
nom de Mère et de Vierge, la bienheureuse Vierge Marie occupe la première place,
offrant, à un titre éminent et singulier, le modèle de la vierge et de la mère [189]
: par sa foi et son obéissance, elle a engendré sur la terre le Fils lui-même du
Père, sans connaître d’homme, enveloppée par l’Esprit Saint, comme une nouvelle
Ève qui donne, non à l’antique serpent, mais au messager de Dieu, une foi que
nul doute n’altère. Elle engendra son Fils, dont Dieu a fait le premier-né parmi
beaucoup de frères (Rm 8, 29), c’est-à-dire parmi les croyants, à la
naissance et à l’éducation desquels elle apporte la coopération de son amour
maternel.
64. L’Église, Mère et Vierge
Mais en contemplant la sainteté mystérieuse de la Vierge
et en imitant sa charité, en accomplissant fidèlement la volonté du Père,
l’Église (grâce à la Parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi) devient à son
tour Mère : par la prédication en effet, et par le baptême, elle engendre à une
vie nouvelle et immortelle des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu. Elle
aussi est vierge, ayant donné à son Epoux sa foi, qu’elle garde intègre et pure
; imitant la Mère de son Seigneur, elle conserve, par la vertu du Saint- Esprit,
dans leur pureté virginale une foi intègre, une ferme espérance, une charité
sincère [190].
65. L’Église et l’imitation des vertus de Marie
Cependant, si
l’Église en la personne de la bienheureuse Vierge atteint déjà à la perfection
sans tache ni ride (cf. Ep 5, 27), les fidèles du Christ, eux, sont
encore tendus dans leur effort pour croître en sainteté par la victoire sur le
péché : c’est pourquoi ils lèvent leurs yeux vers Marie exemplaire de vertu qui
rayonne sur toute la communauté des élus. En se recueillant avec piété dans la
pensée de Marie, qu’elle contemple dans la lumière du Verbe fait homme, l’Église
pénètre avec respect plus avant dans le mystère suprême de l’Incarnation et
devient sans cesse plus conforme à son Époux. En effet intimement entrée dans
l’histoire du salut, Marie rassemble et reflète en elle-même d’une certaine
façon les requêtes suprêmes de la foi et lorsqu’on la prêche et l’honore, elle
renvoie les croyants à son Fils et à son sacrifice, ainsi qu’à l’amour du Père.
L’Église, à son tour, poursuivant la gloire du Christ, se fait de plus en plus
semblable à son grand modèle en progressant continuellement dans la foi,
l’espérance et la charité, en recherchant et accomplissant en tout la divine
volonté. C’est pourquoi, dans l’exercice de son apostolat, l’Église regarde à
juste titre vers celle qui engendra le Christ, conçu du Saint-Esprit et né de la
Vierge précisément afin de naître et de grandir aussi par l’Église dans le cœur
des fidèles. La Vierge a été par sa vie le modèle de cet amour maternel dont
doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de
l’Église, coopèrent pour la régénération des hommes.
IV. Le culte de la Vierge dans
l’Église
66. Nature et fondement du culte de la Sainte Vierge
Ayant pris part, comme la Mère très sainte de Dieu, aux
mystères du Christ, élevée par la grâce de Dieu, après son Fils, au-dessus de
tous les anges et les hommes, Marie est légitimement honorée par l’Église d’un
culte spécial. Et de fait, depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse
Vierge est honorée sous le titre de « Mère de Dieu » ; et les fidèles se
réfugient sous sa protection, l’implorant dans tous les dangers et leurs besoins
[191].
Surtout depuis le Concile d’Ephèse, le culte du Peuple de Dieu envers Marie a
connu un merveilleux accroissement, sous les formes de la vénération et de
l’amour, de l’invocation et de l’imitation, réalisant ses propres paroles
prophétiques : « Toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le
Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses » (Lc 1, 48). Ce culte, tel
qu’il a toujours existé dans l’Église, présente un caractère absolument unique ;
il n’en est pas moins essentiellement différent du culte d’adoration qui est
rendu au Verbe incarné ainsi qu’au Père et à l’Esprit Saint ; il est éminemment
apte à le servir. En effet, les formes diverses de piété envers la Mère de Dieu,
que l’Église approuve (maintenues dans les limites d’une saine doctrine
orthodoxe) en respectant les conditions de temps et de lieu, le tempérament et
le génie des peuples fidèles, font que, à travers l’honneur rendu à sa Mère, le
Fils, pour qui tout existe (cf. Col 1, 15-16) et en qui il a plu au Père
éternel « de faire habiter toute la plénitude » (Col 1, 19), peut être
comme il le doit, connu, aimé, glorifié et obéi dans ses commandements.
67. L’esprit de la prédication et du culte de la Sainte Vierge
Cette doctrine catholique, le saint Concile l’enseigne
formellement. Il invite en même temps les fils de l’Église à apporter un
concours généreux au culte, surtout liturgique, envers la bienheureuse Vierge, à
faire grand cas des pratiques et exercices de piété envers elle, que le
magistère a recommandés au cours des siècles et à conserver religieusement
toutes les règles portées dans le passé au sujet du culte des images du Christ,
de la bienheureuse Vierge et des saints [192].
Il exhorte vivement les théologiens et ceux qui portent la Parole de Dieu à
s’abstenir avec le plus grand soin, quand la dignité unique de la Mère de Dieu
est en cause, à la fois de tout excès contraire à la vérité et non moins d’une
étroitesse injustifiée [193].
L’application à la Sainte Écriture, aux écrits des Pères et des docteurs, à
l’étude des liturgies de l’Église, sous la conduite du magistère, doit leur
faire mettre dans une juste lumière le rôle et les privilèges de la bienheureuse
Vierge, lesquels sont toujours orientés vers le Christ, source de toute vérité,
sainteté et piété. Qu’ils se gardent avec le plus grand soin de toute parole ou
de tout geste susceptibles d’induire en erreur (sur la véritable doctrine de
l’Église) soit nos frères séparés, soit toute autre personne. Que les fidèles se
souviennent en outre qu’une véritable dévotion ne consiste nullement dans un
mouvement stérile et éphémère de la sensibilité, pas plus que dans une vaine
crédulité ; la vraie dévotion procède de la vraie foi, qui nous conduit à
reconnaître la dignité éminente de la Mère de Dieu, et nous pousse à aimer cette
Mère d’un amour filial, et à poursuivre l’imitation de ses vertus.
V. Marie, signe d’espérance et de consolation pour le Peuple de Dieu en marche
68. Marie, signe d’espérance
Cependant, tout
comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus
représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même
sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur (cf. 2 P 3,
10), elle brille déjà devant le Peuple de Dieu en pèlerinage comme un signe d’espérance
assurée et de consolation.
69. Marie et l’union des chrétiens
Le saint Concile trouve une grande joie et consolation au
fait que, parmi nos frères séparés, il n’en manque pas qui rendent à la Mère de
notre Seigneur et Sauveur l’honneur qui lui est dû, chez les Orientaux en
particulier, lesquels vont, d’un élan fervent et d’une âme toute dévouée, vers
la Mère de Dieu toujours Vierge pour lui rendre leur culte [194].
Il faut que tous les fidèles croyants adressent à la Mère de Dieu et la Mère des
hommes d’instantes supplications, afin qu’après avoir assisté de ses prières l’Église
naissante, maintenant encore, exaltée dans le ciel au-dessus de tous les
bienheureux et des anges, elle continue d’intercéder près de son Fils dans la
communion de tous les saints, jusqu’à ce que toutes les familles des peuples, qu’ils
soient déjà marqués du beau nom de chrétiens ou qu’ils ignorent encore leur
Sauveur, soient enfin heureusement rassemblés dans la paix et la concorde en un
seul Peuple de Dieu à la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité.
Tout l’ensemble et
chacun des points qui ont été édictés dans cette constitution dogmatique ont plu
aux Pères. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ,
en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons
dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile
soit promulgué pour la gloire de Dieu.
Rome, à Saint-Pierre, le 21 novembre 1964.
Moi, Paul, évêque de l’Église catholique.
(Suivent les signatures des Pères)
Extraits des actes du Concile
Notifications
Faites par le secrétaire général du Concile au cours de la 123e
congrégation générale, le 16 novembre 1964 [195].
On a demandé
quelle devait être la qualification théologique de la doctrine exposée dans le
schéma sur l’Église et soumise au vote. À cette question la commission
doctrinale a donné la réponse suivante : « Comme il est évident de soi, un texte
de Concile doit toujours être interprété suivant les règles générales que tous
connaissent. À ce propos la commission doctrinale renvoie à sa déclaration du 6
mars 1964, dont nous transcrivons ici le texte. «Compte tenu de l’usage des
conciles et du but pastoral du Concile actuel, celui-ci ne définit comme devant
être tenus par l’Église que les seuls points concernant la foi et les mœurs qu’il
aura clairement déclarés tels. «Quant aux autres points proposés par le Concile,
en tant qu’ils sont l’enseignement du magistère suprême de l’Église, tous et
chacun des fidèles doivent les recevoir et les entendre selon l’esprit du
Concile lui-même qui ressort soit de la matière traitée, soit de la manière dont
il s’exprime, selon les normes de l’interprétation théologique. »
De par l’autorité supérieure est communiquée aux Pères une
note explicative préliminaire au sujet des « modi » concernant le
chapitre 3
du schéma sur l’Église. La doctrine exposée dans ce
chapitre 3
doit être expliquée et comprise selon l’esprit et le libellé de cette note.
Note
explicative préliminaire
La commission a décidé de faire précéder l’examen des «
modi [196]
» par les observations générales qui suivent :
1. Collège
n’est pas pris au sens strictement juridique, c’est-à-dire d’un groupe d’égaux
qui délégueraient leur pouvoir à leur président, mais d’un groupe stable, dont
la structure et l’autorité doivent être déduites de la Révélation.
C’est pourquoi la réponse au modus 12 dit explicitement
des Douze que le Seigneur les a établis à la manière d’un collège ou groupe
stable [197]
. Voir aussi le modus 53 c.
Pour la même raison on emploie aussi çà et là au sujet du
collège épiscopal les termes d’ordre et de corps. Le parallélisme entre Pierre
et les autres Apôtres d’une part, et le Souverain Pontife et les évêques d’autre
part, n’implique pas la transmission du pouvoir extraordinaire des Apôtres à
leurs successeurs, ni – c’est évident – l’égalité entre le chef et les
membres du collège, mais seulement une proportionnalité entre le premier
rapport (Pierre-Apôtres) et le second (pape-évêques). Aussi la commission
a-telle décidé d’écrire au n° 22,
non pas de la même manière mais d’une manière semblable (cf. modus 57) [198].
2. On devient membre du collège en vertu de la
consécration épiscopale et par la communion hiérarchique avec le chef du collège
et ses membres (cf. n° 22,
§ 2 à la fin) [199].
Dans la
consécration est donnée la participation ontologique aux fonctions
(munera) sacrées comme il ressort de façon indubitable de la Tradition et
aussi de la tradition liturgique. De propos délibéré on emploie le terme de
fonctions (munera) et non pas celui de pouvoir (potestas), parce que
ce dernier pourrait s’entendre d’un pouvoir apte à s’exercer en acte.
Mais pour qu’un tel pouvoir apte à s’exercer existe, doit intervenir la
détermination canonique ou juridique de la part de l’autorité
hiérarchique. Cette détermination du pouvoir peut consister dans la concession
particulière d’une fonction ou dans l’assignation de sujets, et elle est donnée
selon les normes approuvées par l’autorité suprême. Une telle norme ultérieure
est requise par la nature de la chose, parce qu’il s’agit de fonctions
qui doivent être exercées par plusieurs sujets qui, de par la volonté du
Christ, coopèrent de façon hiérarchique. Il est évident que cette « communion »
a été appliquée dans la vie de l’Église suivant les circonstances des temps
avant d’avoir été comme codifiée dans le droit.
C’est pourquoi on dit expressément qu’est requise la
communion hiérarchique avec le chef et les membres de l’Église. La
communion est une notion tenue en grand honneur dans l’ancienne Église
(comme aujourd’hui encore, notamment en Orient). On ne l’entend pas de quelque
vague sentiment, mais d’une réalité organique, qui exige une forme
juridique et est animée en même temps par la charité. Aussi, d’un consentement
presque unanime, la commission a-t-elle décidé qu’il fallait écrire : « En
communion hiérarchique » (cf. modus 40 et aussi ce qui est dit de la
mission canonique au n° 24)
[200].
Les documents des
Souverains Pontifes récents au sujet de la juridiction des évêques doivent être
interprétés d’après cette détermination nécessaire des pouvoirs.
3. Du collège, qui
n’existe pas sans son chef, on dit : « qu’il est aussi sujet du pouvoir
suprême et plénier dans l’Église universelle ». Il faut admettre
nécessairement cela pour ne pas mettre en question la plénitude du pouvoir du
Pontife romain. En effet le collège s’entend nécessairement et toujours avec son
chef, qui dans le collège garde intégralement sa charge de vicaire du Christ
et de pasteur de l’Église universelle. En d’autres termes, la distinction
n’est pas entre le Pontife romain et les évêques pris ensemble, mais entre le
Pontife romain seul et le Pontife romain ensemble avec les évêques. Parce qu’il
est le chef du collège, le Souverain Pontife seul peut poser certains
actes qui ne reviennent d’aucune manière aux évêques, par exemple convoquer le
collège et le diriger, approuver les normes d’action, etc. (cf. modus 81). Il
relève du jugement du Souverain Pontife, à qui a été confié le soin de tout le
troupeau du Christ, de déterminer, selon les besoins de l’Église qui varient au
cours des temps, de quelle manière il convient de rendre effectif ce soin, soit
de manière personnelle, soit de manière collégiale. Pour régler, promouvoir et
approuver l’exercice collégial, le Souverain Pontife procède suivant sa propre
discrétion, en considération du bien de l’Église.
4. En tant que Pasteur suprême de l’Église, le Souverain
Pontife peut exercer à son gré son pouvoir en tout temps, comme cela est requis
par sa charge même. Quant au collège, il existe bien toujours, mais il n’agit
pas pour autant en permanence par une action strictement collégiale,
ainsi qu’il ressort de la Tradition de l’Église. En d’autres termes, il n’est
pas toujours « en plein exercice », bien plus ce n’est que par intervalle qu’il
agit dans un acte strictement collégial et si ce n’est avec le consentement
de son chef. On dit « avec le consentement de son chef », pour qu’on
ne pense pas à une dépendance comme à l’égard de quelqu’un d’étranger ;
le terme de « consentement », évoque au contraire la communion entre le
chef et les membres et implique la nécessité de l’acte qui revient en propre au
chef. La chose est affirmée explicitement au
n° 22, § 2 et expliquée à
la fin du même numéro [201].
La formule négative si ce n’est comprend tous les cas, d’où il est évident que
les normes approuvées par l’autorité suprême doivent toujours être
observées (cf. modus 84).
En tout cela il
apparaît donc qu’il s’agit d’une union étroite des évêques avec leur
chef et jamais d’une action des évêques indépendamment du pape. Dans ce cas,
quand l’action du chef fait défaut, les évêques ne peuvent pas agir en tant que
collège, ainsi qu’il ressort de la notion de « collège ». Cette communion
hiérarchique de tous les évêques avec le Souverain Pontife est certainement
habituelle dans la Tradition.
N. B. Sans la
communion hiérarchique la fonction sacramentelle ontologique, qu’il faut
distinguer de l’aspect canonique-juridique, ne peut être exercée. Mais la
commission a estimé qu’il n’y avait pas lieu d’entrer dans les questions de
licéité et de validité ; elles sont laissées à la discussion des
théologiens, spécialement pour ce qui concerne le pouvoir qui est exercé de fait
chez les Orientaux séparés, et pour l’explication duquel existent des opinions
diverses.
Pericles Felici
Archevêque titulaire de Samosate,
secrétaire général du IIe Concile œcuménique du Vatican
[1]
Cf. Saint Cyprien, Épître 64, 4 : PL 3, 1017 ; csel (Hartel) III
B, p. 720. – Saint Hilaire de Poitiers, In Mt. 23 : PL 9, 1047. – Saint
Augustin, passim. – Saint Cyrille d’Alexandrie, Glaph. in Gen. 2,
10 : PG 69, 110 A.
[2]
Cf. Saint Grégoire le Grand, Hom. in Evang. 19, 1 : PL 76, 1154 B. –
Saint Augustin, Sermon 341, 9, 11 : PL 39, 1499s. – Saint Jean
Damascène, Adv. Iconocl. 11 ; PG 96, 1357.
[3]
Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 24, 1 : PG 7, 966 B ; Harvey 2,
131 ; Sagnard, Sources chr., p. 398.
[4]
Saint Cyprien, De Orat. Dom. 23 : PL 4, 553 ; csel (Hartel) III A,
p. 285. – Saint Augustin, Sermon 71, 20, 33 : PL 38, 463s. – Saint
Jean Damascène, Adv. Iconocl. 12 : PG 96, 1358 D.
[5]
Cf. Origène, in Mt. 16, 21 : PG 13, 1443 C. – Tertullien, Adv.
Marc. 3, 7 : PL 2, 357 C ; csel 47, 3, p. 386. – Pour les documents
liturgiques : cf. Sacramentarium Gregorianum : PL 78, 160 B. C.
Mohlberg, Liber Sacramentorum romanae ecclesiae, Rome, 1960, p. 111, XC :
« Dieu qui par le rassemblement des saints construit pour toi une demeure
éternelle » – Hymne Urbs Ierusalem beata, dans le Bréviaire monastique,
et Coelestis urbs Ierusalem, dans le Bréviaire romain.
[6]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique III, q. 62, a. 5, ad 1.
[7]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 29
juin 1943/AAS 35 (1943), p. 208.
[8]
Cf. Léon XIII, Encycl. Divinum illud, 9 mai 1897 : ASS 29
(1896-1897), p. 650. – Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, I,
c., p. 219-220 ; Denz. 2288 (3808). – Saint Augustin, Sermon 268, 2 :
PL 38, 1232. – Saint Jean Chrysostome, In Eph. Hom. 9, 3 : PG
62, 72. – Didyme d’Alexandrie, Trin. 2, 1 : PG 39, 449s. – Saint
Thomas, In Col. 1, 18, lect. 5, éd. Marietti, II, n. 46 : « comme de
l’unité de l’âme se constitue un corps un, de même en va-t-il par l’unité de
l’Esprit pour l’Église... ».
[9]
Léon XIII, Encycl.
Sapientiae christianae,
10 janvier 1890 : ASS 22 (1889-1890), p.392. – Id. Encycl. Satis
cognitum, 29 juin 1896 : ASS 28 (1895-1896), p. 710 et 724 s. – Pie
XII, Encycl.
Mystici Corporis, l.
c., p. 199- 200.
[10]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, l.
c., p. 221s. – Id., Encycl.
Humani generis, 12
août 1950 : AAS 42 (1950) p. 571.
[11]
Léon XII, encycl. Satis cognitum, l. c., p. 713.
[12]
Cf. Symbolum Apostolicum : Denz. 6-9 (10-13). – Symb. Nic. Const. : Denz.
86 (150) – Coll. Prof. fidei Trid. : Denz. 994 et 999 (1862 et 1868)
[13]
Dicitur « Sancta (catholica apostolica) Romana Ecclesia » : in Prof. fidei
Trid., l. c. et Conc. Vat. I, sess. 3, Const. dogm. « De fide cath.», Dei
Filius : Denz. 1782 (3001).
[14]
Saint Augustin, La Cité de Dieu, XVIII, 51, 2 : PL 41, 614.
[15]
Cf. Saint Cyprien, Épître 69, 6 : PL 3, 1142 B ; csel (Hartel) 3 B, p.
774 : « inseparabile unitatis sacramentum ».
[16]
Cf. Pie XII, Alloc.Magnificate Dominum, 2 novembre 1954 : AAS 46
(1954), p. 669. – Encycl. Mediator Dei, 20 novembre 1947 : AAS 39
(1947), p. 555.
[17]
Cf. Pie XI, Encycl. Miserentissimus Redemptor, 8 mai 1928 : AAS 20
(1928), p. 171s. – Pie XII, Alloc.Vous nous avez, 22 septembre 1956 :
AAS 48 (1956), p. 714.
[18]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique III, q. 63, a. 2.
[19]
Cf. Saint Cyrille de Jérusalem, Catéch. 17. De Spiritu Sancto, II,
35-37 : PG 33, 1009-1012. – Nic. Cabasilas, De vita in Christo,
liv. III, De utilitate chrismatis : PG 150, p. 569-580. – Saint
Thomas, Somme théologique III, q. 65, a. 3 et q. 72, a. 1 et 5.
[20]
Cf. Pie XII, Encycl. Mediator Dei, 20 novembre 1947 ; AAS 39
(1947), praesertim p. 552s.
[21]
1 Co 7, 7 : « Chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un celui-ci,
l’autre celui-là. » cf. Saint Augustin, De Dono Persev. 14, 37 : PL
45, 1015s. : « Ce n’est pas la continence seule qui est don de Dieu, mais
aussi la chasteté des époux.»
[22]
Cf. Saint Augustin, De Praed. Sanct. 14, 27 : PL 44, 980.
[23]
Cf. Saint Jean Chrysostome, In Io., Hom. 65, 1 : PG 59, 361.
[24]
Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 16, 6 ; III, 22, 1-3 : PG 7, 925
C-926 A et 955 C-958 A ; Harvey 2, 87 s. et 120-123 ; Sagnard, Sources chr.,
p. 290-292 et 372 s.
[25]
Cf. Saint Ignace, Ad Rom., préf. : Funk I, p. 252.
[26]
Cf. Saint Augustin, Bapt. c. Donat. V, 28, 39 : PL 43, 197 : « Il
est bien évident que, si l’on dit dans et hors de l’Église, cela doit s’entendre
du cœur et non du corps. » – Cf. ibid. III, 19, 26 : col. 152 ; V, 18, 24
: col. 189; In. Io. Tr. 61, 2 : PL 35, 1800, et alibi saepe.
[27]
Cf. Lc 12, 48 : « À qui on aura beaucoup donné, il sera beaucoup demandé.
» – Cf. aussi Mt 5, 19-20 ; 7, 21-22 ; 25, 41-46 ; Jc 2, 14.
[28]
Cf. Léon XIII, épître apost. Praeclara gratulationis, 20 juin 1894 : ASS 26
(1893-1894), p. 707.
[29]
Cf. Léon XIII, encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896 : ASS 28 (1895-1896), p.
738. – Encycl.Caritatis studium, 25 juillet 1898 : ASS 31 (1898-1899), p. 11. –
Pie XII, Message radioph. Nell’alba, 24 décembre 1941 : AAS 34 (1942), p. 21.
[30]
Cf. Pie XI, Encycl. Rerum Orientalium, 8 septembre 1928 : AAS 20
(1928), p. 287. – Pie XII, Encycl. Orientalis Ecclesiae, 9 avril 1944 :
AAS 36 (1944), p. 137.
[31]
Cf. Instruc. de la Sacrée Congrégation du Saint-Office, 20 décembre 1949 :
AAS 42 (1950), p. 142.
[32]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique III, q. 8, a. 3, ad 1.
[33]
Cf. Lettre de la Sacrée Congrégation du Saint-Office à l’archevêque de Boston. :
Denz. 3869-72.
[34]
Cf. Eusèbe de Césarée, Praeparatio Evangelica, 1, 1 : PG 21, 28
AB.
[35]
Cf. Benoît XV, épître apost. Maximum illud : AAS 11 (1919), p.
440, praesertim p. 451 s. – Pie XI, Encycl. Rerum Ecclesiae :
AAS 18 (1926), p. 68-69. – Pie XII, encycl. Fidei donum, 21 avril
1957 : AAS 49 (1957), p. 236-237.
[36]
Cf. Didachè, 14 : Funk I, p. 32. – Saint Justin, Dial. 41 : PG 6,
564. – Saint Irénée, Adv. Haer. IV, 17, 5 : PG 7, 1023 ; Harvey, 2, p.
199s. – Conc. de Trente, sess. 22, chap. 1 : Denz. 939 (1742).
[37]
Cf. Conc. Vat. I, sess. 4, Const. dogm. Pastor Aeternus : Denz. 1821
(3050s.).
[38]
Cf. Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz. 694 (1307) et Conc.
Vat. I, ibid. : Denz. 1826 (3059).
[39]
Cf. Liber sacramentorum. – Saint Grégoire, Praef. in natali S. Matthiae
et S. Thomae : PL 78, 51 et 152 ; cf. Cod. Vat. lat. 3548, f. 18. – Saint
Hilaire, In Ps. 67, 10 : PL 9, 450 ; csel 22, p. 286. – Saint
Jérôme, Adv. Iovin, 1, 26 : PL 23, 247 A. – Saint Augustin, In
Ps. 86, 4 : PL 37, 1103. – Saint Grégoire le Grand, Mor. in Iob
XXVIII, V : PL 76, 455-456. – Primasius, Comm. in Apoc. V :
PL 68, 924 BC. – Paschase Radbert, In Mt. L. VIII, chap. 16 : PL
120, 561 C. – Cf. Léon XIII, épître Et sane, 17 décembre 1888 : ASS
21 (1888), p. 321.
[40]
Cf. Ac 6, 2-6 ; 11, 30 ; 13, 1 : 14, 23 ; 20, 17 ; 1 Th 5, 12-13 ;
Ph 1, 1 ; Col. 4, 11 et passim.
[41]
Cf. Ac 20, 25-27 ; 2 Tm 4, 6 s., coll. c. 1 Tm 5, 22 ; 2
Tm 2, 2 ; Tt 1, 5. – Saint Clément de Rome, Ad Cor. 44, 3 ;
Funk I, p. 156.
[42]
Saint Clément de Rome, Ad Cor., 44, 2 ; Funk I, p. 154s.
[43]
Cf. Tertullien, Praescr. Haer. 32 : PL 2, 52 s. – Saint Ignace,
passim. * Le latin évoque l’image du marcottage.
[44]
Cf. Tertullien, Praescr. Haer. 32, PL 2, 53.
[45]
Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 3, 1 : PG 7, 848 A ; Harvey 2, 8
; Sagnard, Sources chr., p. 100 s. : « manifestatam».
[46]
Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 2, 2 : PG 7, 847 ; Harvey 2, 7 ;
Sagnard, ibid., p. 100 : « custoditur » ; cf. ibid., IV, 26, 2 :
col. 1053 ; Harvey 2, 236 necnon IV, 33, 8 ; col. 1077 ; Harvey 2, 262.
[47]
Saint Ignace, Philad. préf. : Funk I, p. 264.
[48]
Ibid., 1, 1 ; Magn. 6, 1 : Funk I, p. 264 et 234.
[49]
Saint Clément de Rome, l. c. 42, 3-4 ; 44, 3-4 ; 57, 1-2 : Funk I, 152, 156, 171
s. – Saint Ignace, Philad. 2 ; Smyrn. 8, Magn. 3 ;
Trall. 7 : Funk I, p. 265 ; 282 ; 232 ; 246 s., etc. – Saint Justin,
Apoll. 1, 65 ; PG 6, 428. – Saint Cyprien, Épître, passim.
[50]
Cf. Léon XIII, Encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896 : ASS 28
(1895-1896), p. 732.
[51]
Cf. Conc. de Trente, sess. 23, décret De sacr. Ordinis, chap. 4 : Denz.
960 (1768). – Concile Vatican I, sess. 4, Const. Dogm. 1 De Ecclesia Christi,
chap. 3 : Denz. 1828 (3061). – Pie XII, Encycl. Mystici corporis, 29 juin
1943, AAS 35 (1943), p. 209 et 212. – Cod. Iur. Can., c. 329 § 1.
[52]
Cf. Léon XIII, épître Et sane, 17 décembre 1888 : ASS 21 (1888),
p. 321 s.
[53]
Saint Léon le Grand, Sermon 5, 3 : PL 54, 154.
[54]
Le concile de Trente, sess. 23, chap. 3 cite les paroles de 2 Tm 1, 6-7
pour prouver que l’Ordre est un véritable sacrement : Denz., 959 (1766).
[55]
In Trad. Apost. 3 : Botte, Sources chr., p. 27-30, Episcopo
tribuitur « primatus sacerdotii » ; cf. Sacramentarium Leonianum : C.
Mohlberg, Sacramentarium Veronense, Rome, 1955, p. 119 : « Au ministère
du sacerdoce suprême... Accomplis dans les prêtres la réalité totale de ton
mystère = ministère ». Idem, Liber Sacramentorum Romanae Ecclesiae,
Rome, 1960, p. 121-122 : « Donne-leur, Seigneur, la chaire épiscopale pour
qu’ils dirigent l’Église et tout le peuple » : cf. PL 78, 224.
[56]
Trad. apost. 2 ; Botte, p. 27.
[57]
Conc. de Trente, sess. 23, chap. 4 (le Concile de Trente enseigne que le
sacrement de l’Ordre imprime un caractère indélébile : Denz. 960 (1767). – Cf.
Jean XXIII, alloc. Iubilate Deo, 8 mai 1960 : AAS 52 (1960), p.
466. – Paul VI, hom. in Bas. Vatic., 20 octobre 1963 : AAS 55
(1963), p. 1014.
[58]
Saint Cyprien, Épître 63, 14 : PL 4, 386 ; csel (Hartel) III B, p.
713 : « Le prêtre agit véritablement à la place du Christ ». – Saint Jean
Chrysostome, In 2 Tim, Hom. 2, 4 : PG 62, 612 : Le sacerdoce est «
symbolon » du Christ. – Saint Ambroise, In Ps. 38, 25-26 : PL 14,
1051-52 ; csel 64, 203-204. – Ambrosiaster, In 1 Tm 5, 19 PL 17,
479 C et In Eph. 4, 11-12 : col. 387 C – Theodore Mops., Hom. Catech.
XV, 21 et 24 : Tonneau, p. 497 et 503. – Hesychius de Jérusalem, In Lev.
L. 2, 9, 23 : PG 93, 894 B.
[59]
Cf. Eusèbe, Hist. Eccl. V, 24, 10 : GCS II, I, p. 495 ; Bardy, Sources
chr., II, p. 69. – Dionysius, chez Eusèbe, ibid. VII, 5, 2 : GCS II, 2, p. 638
s., Bardy, II, p. 168s.
[60]
Sur les anciens conciles, cf. Eusèbe, Hist. Eccl. V, 23-24 : GCS II, I, p. 488
s. Bardy, II, p. 66 s. et passim. – Conc. de Nicée, Can. 5 : Conc. Œc. Decr., p.
7.
[61]
Tertullien, De Ieiunio, 13 : PL 2, 972 B ; csel 20, p. 292, lin.
13-16.
[62]
Saint Cyprien, Épître 56, 3 : csel (Hartel) III B, p. 650 ; Bayard, p.
154.
[63]
Cf. Zinelli, in Conc. Vat. I : Mansi 52, 1109 C.
[64]
Cf. Conc. Vat. I, Schema Const. dogm. II, de Ecclesia Christi, c. 4 :
Mansi 53, 310. – Cf.relatio Kleutgen de Schemate reformato : Mansi 53, 321 B,
322 B et Zinelli : Mansi 52, 1110 A. – Voir aussi saint Léon le Grand, Sermon
4, 3 : PL 54, 151 A.
[65]
Cf. Cod. Iur. Can., c. 227.
[66]
Cf. Conc. Vat. I, Const. Dogm. Pastor Aeternus : Denz. 1821 (3050s.)
[67]
Cf. Saint Cyprien, Épître 66, 8 : csel (Hartel) III, 2, p. 733 : «
L’évêque est dans l’Église, et l’Église est dans l’évêque.»
[68]
Cf. Saint Cyprien, Épître 55, 24 : csel (Hartel), p. 642, lin. 13 : «
L’Église une, répartie à travers le monde entier en une multitude de membres. »
– Épître 36, 4 : csel (Hartel), p.575, lin. 20-21.
[69]
Cf. Pie XII, Encycl. Fidei donum, 21 avril 1957 : AAS 49 (1957),
p. 237.
[70]
Cf. Saint Hilaire de Poitiers, In Ps. 14, 3 : PL 9, 206 ; csel 22,
p. 86. – Saint Grégoire le Grand, Moral. IV, 7, 12 : PL 75, 643 C.
– Ps. Basile, In Is. 15, 296, PG 30, 637 c.
[71]
Saint Célestin, Épître 18, 1-2, ad Conc. d’Éphèse : PL 50, 505 AB
; Schwartz, Acta Conc. Œc. I, 1, 1, p. 22. Cf. Benoît XV, Épître apost.
Maximum illud AAS II (1919), p. 440. Pie XII, Encycl. Fidei donum,
l. c.
[72]
Léon XIII, Encycl. Grande munus, 30 septembre 1880 : ASS 13
(1880), p. 145. – Cf. Cod. Iur. Can., c. 1327 ; c. 1350 § 2.
[73]
Sur les droits des Églises patriarcales, cf. Conc. de Nicée, can. 6 d’Alexandrie
et Antioche et can. 7 de Jérusalem : Conc. Œc. Decr., p. 8 – Conc. de Latran IV,
année 1215, Constitut. V : De dignitate Patriarcharum : ibid., p.
212 – Conc. de Ferrare-Florence : ibid., p. 504.
[74]
Cf. Cod. Iuris pro Eccl. Orient., c. 216-314 : de Patriarchis ; c.
324-339 : de Archiepiscopis maioribus ; c. 362-391 : de aliis
dignitariis ; in specie, c. 238 § 3 ; 216, 240, 251, 255 : de Episcopis a
Patriarcha nominandis.
[75]
Cf. Conc. de Trente, Décr. de reform., sess. 5, c. 2, n. 9 et sess. 24,
can. 4 ; Conc. Œc. Decr., p. 645 et 739.
[76]
Cf. Conc. Vat. I, Const. dogm. Dei Filius, 3 : Denz. 1712 (3011).– Cf.
nota adiecta ad schema I de Eccl. (desumpta ex S. Rob. Bellarmino) :
Mansi 51, 579 C ; necnon Schema reformatum Const. II de Ecclesia Christi,
cum commentario Kleutgen : Mansi 53, 313 AB. – Pie IX, épître Tuas libenter :
Denz. 1683 (2879).
[77]
Cf. Cod. Iur. Can., c. 1322-1323.
[78]
Cf. Conc. Vat. I, Const. dogm. Pastor Aeternus : Denz. 1839 (3074).
[79]
Cf. explicatio Gasser in Conc. Vat. I : Mansi 152, 1213 AC.
[80]
Gasser, ibid. : Mansi 1214 A.
[81]
Gasser, ibid. : Mansi 1215 CD, 1216-1217 A.
[82]
Gasser, ibid. : Mansi 1213.
[83]
Conc. Vat. I, Const. dogm. Pastor Aeternus, 4 : Denz. 1836 (3070).
[84]
Oraison sur la consécration épiscopale dans le rite byzantin : Euchologion to
mega, Rome, 1873, p. 139.
[85]
Cf. Saint Ignace, Smyrn. 8, 1 : Funk I, p. 282.
[86]
Cf. Ac 8, 1 ; 14, 22-23 ; 20, 17 et passim.
[87]
Cf. Oratio mozarabica : PL 96, 759 B.
[88]
Cf. Saint Ignace, Smyrn. 8, 1 ; Funk I, p. 282.
[89]
Saint Thomas, Somme théologique III, q. 73, a. 3.
[90]
Cf. Saint Augustin, C. Faustum, 12, 20 : PL 42, 265 ; Sermon
57, 7 : PL 38, 389, etc.
[91]
Saint Léon le Grand, Sermon 63, 7 : PL 54, 357 C.
[92]
Traditio Apostolica, Saint Hippolyte 2-3 ; Botte, p. 26-30.
[93]
Cf. Texte de l’examen au début de la consécration épiscopale et oraison à
la fin de la messe de la consécration épiscopale.
[94]
Benoît XIV, Br. Romana Ecclesia, 5 octobre 1752, § 1 : Bullarium
Benedicti XIV, t. IV, Rome, 1758, 21 : « l’évêque représente la figure du
Christ et accomplit sa fonction. » – Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 1.
c., p. 211 : « Les évêques paissent et régissent les troupeaux qui leur sont
confiés, chacun le sien.»
[95]
Léon XIII, Encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896 : ASS 28
(1895-1896), p. 732. – Idem, épître Officio sanctissimo, 22 décembre 1887
; ASS 20 (1887), p. 264. – Pie IX, Lettre apostolique aux Églises
d’Allemagne, 12 mars 1875, et Alloc. consist., 15 mars 1875 : Denz. 3112-3117,
in nova ed. tantum.
[96]
Conc. Vat. I, Constit. dogm. Pastor Aeternus, 3 : Denz. 1828 (3061). –
Cf. Zinelli : Mansi 52, 1114 D.
[97]
Cf. Saint Ignace, Ad Ephes. 5, 1 : Funk I, p. 216.
[98]
Cf. Saint Ignace, Ad Ephes. 6, 1 ; Funk I, p. 218.
[99]
Cf. Conc. de Trente, sess. 23, De sacr. Ord., c. 2 : Denz. 958 (1765) ; et can.
6 : Denz. 966 (1776).
[100]
Cf. Innocent Ier, Epist. ad Decentium : PL 20, 554 A ;
Mansi 3, 1029 ; Denz. 98 (215) : « Tout en appartenant au sacerdoce au titre du
second ordre, les prêtres n’ont pas la charge suprême du pontificat. » – Saint
Cyprien, Épître 61, 3 : csel (Hartel), p. 696.
[101]
Cf. Conc. de Trente, l. c. : Denz. 956a-968 (1763-1778), et in specie
can. 7 : Denz. 967 (1777). – Pie XII, Const. apost. Sacramentum Ordinis :
Denz. 2301 (3857-3861).
[102]
Cf. Innocent I, 1. c. Saint Grégoire de Naziance, Apol. II, 22 : PG 35, 432 B. –
Pseudo-Denys, Eccl. Hier. 1, 2 : PG 3, 372 D.
[103]
Cf. Conc. de Trente, sess. 22 : Denz. 940 (1743). – Pie XII, Encycl. Mediator
Dei, 20 novembre 1947 : AAS 39 (1947), p. 553 ; Denz. 2300 (3850).
[104]
Cf. Conc. de Trente, sess. 22 : Denz. 938 (1739-1740). – Conc. Vat. II, const.
Sacrosanctum concilium,
n. 7 et n. 47.
[105]
Cf. Pie XII, encycl. Mediator Dei, l. c., sub. n. 67.
[106]
Cf. Saint Cyprien, Épître 11, 3 : PL 4, 242 B ; csel (Hartel) II,
2, p.
[107]
« Ordination des prêtres, à l’imposition des vêtements. »
[108]
« Ordination des prêtres, préface consécratoire. »
[109]
Cf. Saint Ignace, Philad. 4 : Funk I, p. 266. – Saint Corneille Ier,
chez Saint Cyprien, Épître 48, 2 : csel (Hartel) III, 2, p. 610.
[110]
Constitutiones Ecclesiae aegyptiacae, III, 2 : Funk, Didascalia,
II, p. 103 – Statuta Eccl. Ant. : 37-41 ; Mansi 3, 954.
[111]
Saint Polycarpe, Ad Ph. 5, 2 : Funk I, p. 300 (l’auteur dit : « Le Christ
s’est fait le diacre – serviteur – de tous »). Cf. Didachè, 15, 1 :
ibid., p. 32, I, p. 530. – Saint Ignace, Trall. 2, 3 : ibid.,
p. 242. – Constitutiones Apostolorum, 8, 28, 4 : Funk, Didascalia,
I, p. 530.
[112]
Saint Augustin, Sermon 340, 1 : PL 38, 1483.
[113]
Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno, 15 mai 1931 : AAS 23
(1931), p. 221 s. – Pie XII, Alloc. De quelle consolation, 14 octobre
1951 : AAS 43 (1951), p. 790s.
[114]Cf.
Pie XII, alloc. Six ans se sont écoulés, 5 octobre 1957 : AAS 49
(1957), p. 927.
[115]
Tiré de la préface pour la fête du Christ-Roi.
[116]Cf.
Léon XIII, encycl.
Immortale Dei, 1er
novembre 1885 : ASS 18 (1885), p. 166s. – Idem, Encycl.
Sapientiae christianae,
10 janvier 1890 : ASS 22 (1889-1890), p. 397s. – Pie XII, Alloc. Alla
vostra filiale, 23 mars 1958 : AAS 50 (1958), p. 220 : « La légitime
saine laïcité de l’État.»
[117]
Cod. Iur. Can., can. 682.
[118]
Cf. Pie XII, Alloc. De quelle consolation, l. c., p. 789 : « Dans les
batailles décisives, c’est parfois du front que partent les plus heureuses
initiatives... » – Idem, Alloc. L’importance de la presse catholique, 17
février 1950 : AAS 42 (1950), p. 256.
[119]
Cf. 1 Th 5, 19 et 1 Jn 4, 1.
[120]
Epist. ad Diognetum, 6 : Funk I, p. 400. – Cf. Saint Jean Chrysostome,
In Mt., Hom. 46 (47) 2 : PG 58, 478, de fermento in massa.
[121]
Missel romain, Gloria in excelsis. Cf. Lc 1, 35 ; Mc 1, 24
; Lc 4, 34 ; Jn 6, 69 (ho hagios tou Theou) ; Ac 3,
14 ; 4, 27.30 ; He 7, 26 ; 1 Jn 2, 20 ; Ap 3, 7.
[122]
Cf. Origène, Comm. Rom. 7, 7 : PG 14, 1122 B. – Ps.-Macarius,
De Oratione, 11 : PG 34, 861, AB. – Saint Thomas, Somme
théologique IIa IIae, q. 184, a. 3.
[123]
Cf. Saint Augustin, Retract. II, 18 : PL 32, 637 s. – Pie XII,
Encycl.
Mystici Corporis, 29
juin 1943 ; AAS 35 (1943), p. 225.
[124]
Cf. Pie XI, Encycl. Rerum omnium, 26 janvier 1923 : AAS 15 (1923),
p. 50 et 59-60. – Id. Encycl. Casti Connubii, 31 décembre 1930 : AAS
22 (1930), p. 548. – Pie XII, Const. apost.
Provida Mater, 2
février 1947 : AAS 39 (1947), p. 117. – Alloc. Annus sacer, 8
décembre 1950 : AAS 43 (1951), p. 27-28. – Alloc. Nel darvi, 1er
juillet 1956 : AAS 48 (1956), p. 574.
[125]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique IIa IIae, q.
184, a. 5 et 6 ; De perf. vitae spir., c. 18. – Origène, in Is.,
Hom. 6, 1 : PG 13, 239.
[126]
Cf. Saint Ignace, Magn. 13, 1 : Funk I, p. 241.
[127]
Cf. Saint Pie X, exhort. Haerent animo, 4 août 1908 : ASS 41
(1908), p. 560s. – Cod. Iur. Can., can. 124. – Pie XI, Encycl.
Ad catholici sacerdotii,
20 décembre 1935 : AAS 28 (1936), p. 22s.
[128]
Ordo consecrationis sacerdotalis, in exhortatione initiali.
[129]
Cf. Saint Ignace, Trall. 2, 3 : Funk I, p. 244.
[130]
Cf. Pie XII, Alloc. Sous la maternelle protection, 9 décembre 1957 :
AAS 50 (1958), p.36.
[131]
Pie XI, encycl.
Casti Connubii, 31
décembre 1930 : AAS 22 (1930), p. 548s. – Cf. Saint Jean Chrysostome,
In Ephes., Hom. 20, 2 : PG 62, 136s.
[132]
Cf. Saint Augustin, Enchir. 121, 32 : PL 40, 288. – Saint Thomas,
Somme théologique IIa IIae, q. 184, a. 1. – Pie
XII, adhort. apost. Menti nostrae, 23 septembre 1950 : AAS 42
(1950), p. 660.
[133]
Sur les conseils en général, cf. Origène, Comm. Rom. X, 14 : PG 14, 1275
B. – Saint Augustin, De S. Virginitate, 15, 15 : PL 40, 403. –
Saint Thomas, Somme théologique I-II, q.100 a. 2 c (in fine) ; IIa
IIae q. 44, a. 4 ad. 3.
[134]
Sur l’excellence de la virginité consacrée, cf. Tertullien, Exhort. Cast.
10 : PL 2, 925 C. – Saint Cyprien, Hab. Virg. 3 et 22 : PL
4, 443 B et 461 As. – Saint Athanase (?), De Virg. : PG 28, 252s. – Saint
Jean Chrysostome, De Virg. : PG 48, 533s.
[135]
Sur la pauvreté spirituelle, cf. Mt 5, 3 et 19, 21 ; Mc 10, 21 ;
Lc 18, 22 ; sur l’obéissance l’exemple du Christ est donné en Jn
4, 34 et 6, 38 ; Ph 2, 8-10 ; He 10,5-7. Les Pères et les
fondateurs d’ordres en parlent très souvent.
[136] Cf.
Rosweydus, Vitae Patrum, Anvers, 1628. – Apophtegmata Patrum : PG
65. – Palladius, Historia Lausiaca : PG 34, 995 s. : éd. C.
Butler, Cambridge 1898 (1904). – Pie XI, Const. apost. Umbratilem, 8
juillet 1924 : AAS 16 (1924), p. 386-387. – Pie XII, alloc. Nous
sommes heureux, 11 avril 1958 : AAS 50 (1958), p. 283.
[137]
Paul VI, Alloc. Magno gaudio, 23 mai 1964 : AAS 56 (1964), p. 566.
[138]
Cf. Cod. Iur. Can., c. 487 et 488. – Pie XII, Alloc. Annus sacer, 8
décembre 1950 : AAS 43 (1951), p. 27 a. – Pie XII, Const. apost.
Provida Mater, 2
février 1947 : AAS 39 (947), p. 120 s.
[139]
Paul VI, l. c., p. 567.
[140]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique IIa IIae, q.
184, a. 3 et q. 188, a. 2. – Saint Bonaventure, Opusc. XI, Apologia Pauperum,
c. 3, 3 : Quaracchi, t. 8, 1898, p. 245 a.
[141]
Cf. Conc. Vat. I, schema De Ecclesia Christi, chap. XV, et annot. 48 :
Mansi 51, 549 s. et 619 s. – Léon XIII, épître Au milieu des consolations,
23 décembre 1900 : ASS 33 (1900-1901) p. 361. – Pie XII, Const. apost.
Provida Mater, I. c.,
p. 114s.
[142]
Cf. Léon XIII,. Const. Romanos Pontifices, 8 mai 1881 : ASS 13
(1880-1881), p. 483. – Pie XII. Alloc. Annus sacer, 8 décembre 1950 :
AAS 43 (1951), p. 28 s.
[143]
Cf. Pie XII, Alloc. Annus sacer, l. c. p. 28. – Pie XII, Const. apost.
Sedes Sapientiae, 31 mai 1956 : AAS 48 (1956), p. 355. – Paul VI, l.
c. p. 570-571.
[144]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 29
juin 1943 : AAS 35 (1943), p. 214 s.
[145]
Cf. Pie XII, Alloc. Annus sacer, l. c., p. 30. – Alloc. Sous la
maternelle protection, 9 décembre 1957 : AAS 50 (1958), p. 39 s.
[146]
Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz. 693 (1305).
[147]
Outre les documents plus anciens contre toute forme d’évocation des esprits, à
partir d’Alexandre IV (27 septembre 1258), cf. Sacrée Congrégation du
Saint-Office, De magnetismi abusu : 4 août 1856 : ASS (1865), p.
177-178, Denz. 1653-1654 (2823-2825) ; réponse de la Sacrée Congrégation du
Saint-Office, 24 avril 1917 : AAS 9 (1917) p. 268, Denz. 2182 (3642).
[148]
Voir l’exposé synthétique de cette doctrine paulinienne dans : Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis :
AAS 35 (1943), p. 200 et passim.
[149]
Cf. i.a., Saint Augustin, Enarr. in Ps. 85, 24 : PL 37, 1099.
–Saint Jérôme, Liber contra Vigilantium, 6 ; PL 23, 344. – Saint
Thomas, In 4 m Sent., d. 45 q. 3. a. 2. – Saint Bonaventure, In 4m Sent.,
d. 45 a. 3, q. 2, etc.
[150]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis
: AAS 35 (1943), p. 245.
[151]
Cf. De nombreuses inscriptions dans les catacombes romaines.
[152]
Cf. Gélase I, Decretalis De libris recipiendis, 3 : PL 59, 160,
Denz. 165 (353).
[153]
Cf. Saint Méthode, Symposion, VII, 3 : GCS (Bonwetsch), p. 74.
[154]
Cf. Benoît XV, Decretum approbationis virtutum in Causa beatificationis et
canonizationis Servi Dei Ioannis Nepomuceni Neumann : AAS 14 (1922)
p. 23. – Alloc. Pie XI de Sanctis : Inviti all’eroismo : Discorsi..., t.
I-III, Rome, 1941-1942, passim. – Pie XII, Discours et messages
radioph., t. 10, 1949, p. 37-43.
[155]
Cf. Pie XII, Encycl. Mediator Dei : AAS 39 (1947), p. 581.
[156]
Cf. He 13,7 ; Encycl. 44-50 ; He 11, 3-40. – Cf. aussi Pie XII,
Encycl. Mediator Dei : ASS 39 (1947), p. 582- 583.
[157]
Cf. Conc. Vat. I, Const. De fide catholica, chap. 3, Denz. 1794 (3013).
[158]
Cf. Pie XIII, encycl.Mystici
Corporis :
AAS 35 (1943), p. 216.
[159]
Au sujet de la reconnaissance envers les saints eux-mêmes, cf. E. Diehl,
Inscriptiones latinae christianae veteres, I. Berolini, 1925, n. 2008, 2382
et passim.
[160]
Conc. de Trente, sess. 25, De invocatione... Sanctorum : Denz. 984
(1821).
[161]
Bréviaire romain, Invitatorium in festo Sanctorum Omnium.
[162]
Cf. v. g., 2 Th 1, 10.
[163]
Conc. Vat. II, Const.
De Sacra Liturgia,
chap. 5, n. 104.
[164]
Canon de la messe romaine.
[165]
Conc. Nicée II, Act. VII : Denz. 302 (600).
[166]
Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz. 693 (1304).
[167]
Conc. de Trente, sess. 25, De invocatione, veneratione et reliquiis Sanctorum
et sacris imaginibus : Denz. 984-988 (1821-1824) ; sess. 25, Decretum de
Purgatorio : Denz. 983 (1820) ; sess. 6, Decretum de iustificatione,
can. 30 : Denz. 840 (1580).
[168]
Missel romain, préface pour la fête des saints accordée à certains diocèses.
[169]
Cf. Saint Pierre Canisius, Catechismus Maior seu Summa Doctrinae christianae,
chap. III (éd. crit. F. Streicher), Ire partie, p. 15-16, n. 44 et p.
100-101, n. 49.
[170]
Cf. Concile Vatican II, Const.
Sacrosanctum concilium,
chap. 1, n. 8.
[171]
Credo de la messe romaine : Symbolum Constantinopolitanum : Mansi 3, 566.
– Cf. Conc. d’Éphèse, ibid., 4, 1130 (necnon ibid. 2, 665 et 4,
1071). – Conc. de Chalcédoine, ibid., 7, 111-116. – Conc. Const. II,
ibid., 9, 375-396.
[172]
Canon de la messe romaine.
[173]
Saint Augustin, De S. Virginitate, 6 : PL 40, 399.
[174]
Cf. Paul VI, Alloc. au Concile, le 4 décembre 1963 : AAS 56 (1964), p.
37.
[175]
Cf. Saint Germain de Constantinople, Hom. in Annunt. Deiparae : PG
98, 328 A ; In Dorm. 2 : col.357. – Anastase d’Antioche, Sermon 2 de
Annunt., 2 : PG 89, 1377 AB ; Sermon 3, 2 : col.1388 C. –
Saint André de Crète, Can. in B. V. Nat. 4 : PG 97, 1321 B ; In
B. V. Nat., 1 : col. 812 A ; Hom. in dorm. 1 : col. 1068 C. Saint
Sophrone, Or. 2 in Annunt., 18 : PG 87 (3) 3237 BD.
[176]
Saint Irénée, Adv. Haer. III 22, 4 : PG 7, 959 A ; Harvey 2, 123.
[177]
Ibid. ; Harvey 2, 124.
[178]
Saint Épiphane, Haer. 78, 18 : PG 42, 728 CD – 729.
[179]
Saint Jérôme, Épître 22, 21 : PL 22, 408. – Cf. Saint Augustin, Sermon
51, 2, 3 : PL 38, 335 ; Sermon 232, 2 col. 1108. – Saint Cyrille de
Jérusalem, Catech. 12, 15 : PG 33, 741 AB. – Saint Jean Chrysostome,
In Ps 44, 7 : PG 55, 193. – Saint Jean Damascène, Hom. 2 in dorm.
B.M.V., 3 : PG 96, 728.
[180]
Cf. Conc. de Latran, année 649, can. 3 : Mansi 10, 1151. – Saint Léon le Grand,
Epist. ad Flav. : PL 54, 759. – Conc. de Chalcédoine : Mansi 7,
462. – Saint Ambroise, De instit. virg. : PL 16, 320.
[181]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 29
juin 1943 : AAS 35 (1943), p. 247-248.
[182]
Cf. Pie IX, bulle Ineffabilis, 8 décembre 1854 : Acta Pii IX, 1, I, p. 616 ;
Denz. 1641 (2803).
[183]
Cf. Pie XII, Const. apost. Munificenissimus, 1er novembre 1950
: AAS 42 (1950) ; Denz. 2333 (3903). Cf. Saint Jean Damascène, Enc. in
dorm. Dei genitricis, hom. 2 et 3 : PG 96, 721-761, speciatim col.
728 B. – Saint Germain de Constantinople, in S. Dei gen. dorm., Sermon
1 : PG 98 (6)340-348 ; Sermon 3, col. 361. – Saint Modeste de
Jérusalem, In dorm. SS. Deiparae : PG 86 (2), 3277-3312.
[184]
Cf. Pie XII, encycl. Ad coeli Reginam, 11 octobre 1954 : AAS 46
(1954), p. 633-636 ; Denz. 3913 s. – Cf. André de Crète, Hom. 3 in dorm. SS.
Deiparae : PG 97, 1089-1109. – Saint Jean Damascène, De fide orth.,
IV, 14 : PG 94, 1153-1161.
[185]
Cf. Kleutgen, textus reformatus De mysterio Verbi incarnati, chap. IV :
Mansi 53, 290. – Cf. Saint André de Crète, in nat. Mariae, Sermon 4 :
PG 97, 865 A. – Saint Germain de Constantinople, In annunt. Deiparae,
PG 98, 321 BC ; In dorm. Deiparae, III : col. 361 D – Saint Jean
Damascène, in dorm. B. V. Mariae, hom. 1, 8 : PG 96, 712 BC – 713
A.
[186]
Cf. Léon XIII, Encycl. Adiutricem populi, 3 septembre 1895 : ASS
15 (1895-1896) p. 303. – Saint Pie X, Encycl.
Ad diem illum, 2
février 1904 : Acta, I, p. 154 ; Denz. 1978 a (3370). – Pie XI, Encycl.
Miserentissimus, 8 mai 1928 : AAS 20 (1928), p. 178. Pie XII, Message
radioph., 13 mai 1946 ; AAS 38 (1946), p. 266.
[187]
Saint Ambroise, Épître 63 : PL 16, 1218.
[188]
Saint Ambroise, Expos. Lc. II, 7 : PL 15, 1555.
[189]
Cf. Ps. Pierre Dam., Sermon 63 : PL 144, 861 AB. – Godefroid à
Saint Victor, In nat. B. M., Ms. Paris, Mazarine, 1002, fol. 109 r. –
Gerhoh de Reichersberg, De gloria et honore Filii hominis, 10 : PL
194, 1105 AB.
[190]
Saint Ambroise, l., c. et Expos. Lc X, 24-25 : PL 15, 1810. –
Saint Augustin, In Io Tr. 13, 12 : PL 35, 1499. Cf. Sermon 191, 2,
3 : PL 38, 1010 ; etc. – Cf. aussi Bède le Vénérable, In Lc Expos.
I, chap. 2 : PL 92, 330. – Isaac de l’Étoile, Sermon 51 : PL
1 94, 1863 A.
[191]
« Sub tuum praesidium. »
[192]
Conc. Nicée II, année 787 : Mansi 13, 378-379 ; Denz. 302 (600-601). – Conc. de
Trente, sess. 25 : Mansi 33, 171-172.
[193]
Cf. Pie XII, Message radioph., 24 octobre 1954 : AAS 46 (1954), p. 679. –
Encycl. Ad coeli Reginam, 11 octobre 1954 : AAS 46 (1954), p. 637.
[194]
Cf. Pie XI, Encycl. Ecclesiam Dei, 12 novembre 1923 : AAS 15
(1923), p. 581. – Pie XII, Encycl. Fulgens corona, 8 septembre 1953 :
AAS 45 (1953), p. 590-591.
[195]
Ces deux notifications, extraites des Actes du Concile, ont été faites aux Pères
pour éclairer leur vote. Elles sont importantes pour l’interprétation de cette
Constitution ; Paul VI le souligne dans son discours aux Pères lors de la
clôture à la troisième session du Concile, le 21 novembre 1964, au moment où il
promulgue la Constitution sur l’Église, à propos de la doctrine sur l’épiscopat
: « ... en tenant compte des explications fournies soit pour l’interprétation à
donner aux termes en usage, soit pour la qualification théologique que ce
Concile entend attribuer à la doctrine traitée. Nous n’hésitons pas, avec l’aide
de Dieu, à promulguer la présente Constitution Lumen gentium » (Doc.
cath. LXI, 6 décembre 1964, col. 1589). La traduction de ces notifications a
été faite par les Éditions du Centurion.
[196]
Les modi sont les amendements proposés par les Pères à la commission
doctrinale.
[197]
Cf. Const. dogm. Lumen gentium,
n. 19.
[198]
Ibid.,
n. 22.
[199]
Ibid.,
n. 22.
[200]
Ibid., n. 24.
[201]
Ibid.,
n. 22.
|